Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, permettez-moi d’avoir une pensée pour les familles endeuillées par les actes barbares de ces derniers jours.
Il est de notre devoir d’agir au plus vite pour que nos enfants puissent vivre sur une planète durable. À quelques semaines de Noël, imaginez un monde où nos enfants ne connaîtraient l’ours blanc que par les films, les livres ou des peluches… Cette image peut sans doute prêter à sourire, mais elle reflète la triste réalité vers laquelle l’humanité se dirige.
Il est de notre rôle de pays hôte de la COP 21 de convaincre l’ensemble des pays et des individus de la réalité des conséquences du dérèglement climatique, et partant de la nécessité d’adopter des solutions, collectivement et individuellement.
L’universalité de l’accord à trouver est primordiale. Sans elle, nos engagements seront vains ; il faut que cet accord soit juridiquement contraignant et conduise à la mise en place de mécanismes garantissant le respect des engagements qui auront été pris.
L’autre point essentiel de cette proposition de résolution a trait au rôle des territoires dans l’adaptation au changement climatique.
L’acceptation et l’implication des habitants passeront par les territoires, à condition que tout s’opère en toute équité, sur la base de responsabilités communes.
Nous devons encourager et impliquer nos territoires de métropole et d’outre-mer, qui sont déjà nos meilleurs ambassadeurs. Leurs bonnes pratiques doivent être généralisées.
La France bénéficie d’une présence maritime mondiale exceptionnelle, avec des territoires, et donc des capteurs importants d’évolution climatique, localisés sur tout le globe.
Parler de climat, c’est forcément parler d’outre-mer, puisque 80 % de la biodiversité française se trouve hors de l’Hexagone.
La spécificité et la richesse de la France se manifestent au travers de ses territoires d’outre-mer, qui représentent de véritables caisses de résonance des effets des dérèglements climatiques, mais aussi d’authentiques laboratoires des politiques innovantes.
Nos outre-mer sont bien souvent précurseurs pour valoriser le patrimoine naturel et le préserver par des plans d’action dans tous les domaines : gestion de l’eau et assainissement, protection du littoral, agriculture, préservation de la biodiversité, développement des énergies renouvelables.
À Mayotte, on transforme en électricité l’énergie fatale issue des fumées d’échappement de moteurs ; en Polynésie, on réalise des systèmes de climatisation fondés sur le différentiel de température entre les eaux de surface et les eaux profondes de l’océan ; en Guadeloupe, on valorise des déchets de la canne à sucre.
Pour autant, madame la secrétaire d’État, nous devons garder à l’esprit les difficultés que connaissent nos territoires ultramarins. Les situations de handicap géographique et climatique engendrent des coûts d’exploitation plus lourds que ceux des pays voisins, y compris dans des secteurs où nos outre-mer disposent de réels savoir-faire.
Gardons aussi à l’esprit que nous ne pourrons être entendus que si nous prouvons notre exemplarité ; or nous avons de nombreux défis à relever outre-mer : je pense à la pollution du magnifique lagon de Mayotte, due à des problèmes d’assainissement, à la pollution des sols et des milieux aquatiques par le chlordécone à la Martinique et à la Guadeloupe, au braconnage qui met en danger des espèces d’oiseaux en Guyane, etc.
J’attire également votre attention sur les modes de déplacement en outre-mer, en particulier dans les îles, où circulent un nombre très important de véhicules, proportionnellement plus élevé que dans l’Hexagone, ce qui entraîne des pollutions par les hydrocarbures.
Je cite ces quelques exemples, madame la secrétaire d’État, pour souligner que nous devons mettre en œuvre des moyens qui répondent à nos ambitions. Autrement dit, disposerons-nous d’un plan d’action et de budgets suffisants pour agir ?
Pour conclure, je souhaite rappeler mon soutien aux ambitions que nous affichons pour la COP 21. Elles nous imposent de faire preuve, sur l’ensemble de notre territoire, d’une exemplarité sans faille dans la mise en œuvre des mesures climatiques et dans la définition des moyens nécessaires.