Intervention de Francis Delattre

Réunion du 19 novembre 2015 à 14h30
Loi de finances pour 2016 — Discussion d'un projet de loi

Photo de Francis DelattreFrancis Delattre :

Après une belle éclaircie, la parité entre l’euro et le dollar demeure fragile. Les taux d’intérêt risquent de remonter, car la Réserve fédérale américaine a annoncé un relèvement de ses taux, sans en préciser la date d’effet. Or, dès lors que les taux remonteront aux États-Unis, l’effet se généralisera et le coût de notre endettement, encore aggravé par ce budget – comment prétendre qu’un déficit de 75 milliards d’euros est pratiquement neutre ? –, deviendra vite insupportable.

Vous prévoyez aussi une inflation à 1 %, alors qu’elle atteint aujourd’hui à peine à 0, 1 %. Comment cela serait-il possible ?

Nous relevons une faible, très faible réactivité de notre économie. Si l’Europe, à travers le quantitative easing, injecte 60 milliards d’euros par mois dans le système bancaire européen pour relancer l’économie, la France n’en ressent aucun effet tangible.

Cependant, l’optimisme est de mise : la croissance revient, paraît-il. Mais la réalité nous rattrape lorsque l’INSEE annonce, le 14 août dernier, une croissance nulle au deuxième trimestre. Qu’à cela ne tienne, ce n’est pas grave ! Selon M. Sapin, « une croissance nulle conforte nos objectifs ». J’aurais aimé qu’il nous explique aujourd’hui comment !

Les mauvais chiffres sont donc positifs ! La croissance n’est pas là, mais elle est là, cachée sous le discours ministériel, bien au chaud…

L’inversion de la courbe du chômage « amorcée » après les dernières publications ne peut faire oublier votre bilan : 600 000 chômeurs supplémentaires depuis trois ans, sans compter le coût budgétaire des emplois aidés pour masquer le désastre, car il s’agit d’un véritable désastre !

À chaque nouvelle économique défavorable, la communication du Gouvernement est simple : tout va bien, tout va mieux, et les médias sont requis pour les couplets et le refrain.

Si notre pays parvient en fin d’année à atteindre 1 % de croissance, cela n’aura rien d’exceptionnel. Ce n’est pas avec ce chiffre que nous créerons de l’emploi, et nous continuerons simplement à financer notre modèle social par la dette, ce qu’illustre l’exemple des 24 milliards d’euros transférés dans la plus grande discrétion à la Caisse d’amortissement de la dette sociale, la CADES, autrement dit, financés par l’emprunt.

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