Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, comme il est légitime dans un débat démocratique, certains orateurs ont apporté la contradiction au Gouvernement. Je respecte bien entendu leurs arguments, auxquels j’apporterai maintenant, avec Christian Eckert, des éléments de réponse, sans entrer dans le détail à ce stade de la discussion générale.
Je constate, pour m’en féliciter, que le débat habituel, repris année après année quelle que soit la majorité en place, sur la sincérité du budget n’a pas eu lieu aujourd’hui. En effet, les hypothèses de croissance que nous avions faites pour 2015 se vérifient. Celles que nous faisons pour 2016 sont également réalistes ; elles sont conformes, grosso modo, aux prévisions des observateurs, sachant que, par définition, nous ne pouvons connaître à l’avance la vérité de l’avenir ; peut-être est-ce heureux, d’ailleurs…
L’année dernière, nous avions prévu 1 % d’inflation pour 2015. Le taux d’inflation s’établira en réalité à 0, 1 % ou à 0, 2 %, ce que personne n’avait anticipé, notamment pas la Banque centrale européenne, qui a mis en place, à partir de la fin de 2014, un programme très offensif, presque violent, de quantitative easing, destiné précisément à éviter une inflation zéro. En effet, un niveau d’inflation trop faible est une mauvaise chose pour l’économie : il doit être suffisamment élevé pour induire des anticipations positives de la part de l’ensemble des acteurs économiques, ménages comme entreprises.
Notre prévision de 1 % d’inflation pour l’année prochaine est-elle vraiment trop optimiste ? Je ne le pense pas, d’abord parce que c’est l’hypothèse retenue par la BCE, institution qui est justement chargée de mettre en œuvre les politiques permettant d’atteindre ce niveau. Par ailleurs, si l’inflation a été presque nulle en 2015, cela tient à la division par deux du prix du baril de pétrole, passé d’un peu moins de 100 dollars à un peu plus de 40 dollars. Or il est fort peu probable qu’une baisse d’une telle ampleur se reproduise l’année prochaine, le prix du pétrole étant désormais très bas, de même que celui d’un certain nombre de matières premières.
Même si je ne peux avoir de certitude, je pense donc que cette hypothèse d’inflation est correcte. Nous avons tenu nos engagements sur ce plan et nous nous donnons les moyens de les tenir l’année prochaine. Le débat sur la sincérité du budget appartient à un autre temps !
J’évoquerai maintenant la continuité de notre action, que certains ont essayé de tourner en dérision, en disant que la surprise, dans ce projet de budget, c’est qu’il n’y en a pas. À mes yeux, que le projet de budget pour 2016 s’inscrive dans la continuité du budget de 2015, qui lui-même, sur de nombreux points, était dans la continuité du budget de 2014, est une bonne chose ! Une bonne politique ne zigzague pas en fonction des circonstances : elle garde le cap, y compris dans les moments difficiles ou de doute.
Or ce projet de budget maintient le cap, tout particulièrement en matière de diminution des cotisations et des impôts pesant sur les entreprises. Beaucoup d’entre vous ont bien voulu relever que, pour la troisième année consécutive, nous mettons en œuvre les engagements que nous avions pris à cet égard : après les avoir réduits d’un peu plus de 10 milliards d’euros en 2015, nous inscrivons une nouvelle baisse de 9 milliards d’euros des prélèvements sur les entreprises dans le projet de budget pour 2016.
Il en va de même pour les ménages, dont nous continuons à réduire les impôts. Cette continuité dans la mise en œuvre des annonces est indispensable aux acteurs économiques, qui doivent pouvoir prendre des décisions s’inscrivant dans la durée, en particulier en matière d’investissements. Ils doivent avoir l’assurance que le chemin est tracé pour plusieurs années et que les engagements seront tenus.
Je suis donc fier de vous présenter un projet de budget peut-être dénué d’aspérités, mais marqué par la sagesse et la force de la continuité.