Nous ne sommes pas aveugles et nous ne sous-estimons pas les conséquences de l’instauration de l’état d’urgence en termes de libertés publiques.
Nous avions d’ailleurs refusé une telle instauration en 2005 et nous sommes bien conscients des dérives dramatiques que ce régime a pu contribuer à générer au début des années soixante.
Or nous ne sommes plus embourbés dans une guerre coloniale qui ne voulait pas dire son nom ; nous sommes face à une barbarie inédite, qui se glorifie de ses atrocités et revendique son obscurantisme liberticide.
C’est la raison pour laquelle les écologistes ne resteront pas sourds à la demande de sécurité et de fermeté formulée par nos concitoyens et imposée par les circonstances, afin d’empêcher les terroristes et d’autres de fuir ou de nuire de nouveau.
Nous comprenons l’utilité de poursuivre pendant plusieurs semaines les opérations de perquisition et d’assignation à résidence menées depuis samedi. C’est toutefois malgré nous que nous voterons ce texte, rendu inévitable par la violence de la période que nous vivons. La garantie de la sûreté publique est un préalable à l’exercice des libertés publiques.
Je tiens à le souligner, il est important, pour mon groupe, que le présent projet de loi précise bien l’encadrement dans la durée de cet état d’urgence et qu’aient été prévus, comme l’avaient d’ailleurs proposé les députés écologistes, une information et un contrôle du Parlement. Nous serons extrêmement attentifs sur ces points.
Nous appelons également de nos vœux les associations de défense des droits humains, les médias indépendants et les citoyens à observer de près la période qui s’ouvre, afin de prévenir ou de signaler tout abus.
Concernant les modifications apportées à la loi de 1955, je veux dire, en préalable, qu’il n’est jamais souhaitable de légiférer en temps de crise. Pour autant, la mise à jour d’un texte adopté en 1955, dans un autre contexte, relève de l’évidence.
Nous nous félicitons de la juste suppression des dispositions de contrôle de la presse et des spectacles, comme de la nécessaire adaptation du champ des perquisitions à l’heure du numérique.
Nous apportons, enfin, notre soutien à l’introduction de garanties procédurales, qui sont désormais dans le giron du droit commun.
Cela étant dit, j’aimerais rappeler que ce projet de loi n’est qu’une réponse parmi d’autres – et seulement une réponse de court terme – à un problème complexe, lequel ne se réglera que sur le long terme.
L’action, la réaction à chaud sont ce à quoi l’on s’attend la semaine suivant ces actes de barbarie. Pour la suite, nous attendons davantage encore du Gouvernement : davantage en matière de prévention pour éviter que l’irréparable ne se reproduise.
L’éducation, sous toutes ses formes, la culture, sous toutes ses formes, sont irremplaçables en tant que vecteurs d’humanisme, de solidarité, de vivre ensemble.
Il faut aller vers l’autre, s’ouvrir aux autres, ne pas céder aux sirènes du repli sur soi, de la méfiance, éviter les amalgames, rester unis, faire face sans sombrer dans un climat de terreur pour refuser le piège tendu par les terroristes.
Ces terroristes ne s’en prennent pas uniquement à notre mode de vie. D'ailleurs, nombre d’Européens ont le loisir de fréquenter des restaurants, des bistrots, des salles de spectacle ou des stades le vendredi soir. La France est surtout le pays européen le plus impliqué dans les bombardements de la Syrie et des positions stratégiques de Daech. Au-delà des réponses de sécurité intérieure, c’est aussi notre géopolitique et notre système d’alliances dans la région qu’il faudra repenser.
« Ils » nous déclarent la guerre, mais nous défendrons la paix.