Le Gouvernement est également défavorable à ces deux amendements.
Madame Lienemann, si la CGLLS détient des fonds en vertu de règles prudentielles, c’est qu’elle est considérée comme un organisme financier. Et, comme tous les organismes financiers, la CGLLS est soumise au contrôle de ces règles prudentielles par l’ACPR, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, autorité indépendante.
L’ACPR a pendant longtemps considéré que le risque devait être couvert par des provisions, par des fonds propres. Je ne le fais pas souvent, mais je m’autorise à le dire, votre serviteur a contribué très largement, en exerçant sur cet organisme une amicale pression, à obtenir que l’ACPR rende enfin l’avis qui lui était demandé depuis plusieurs mois, voire plusieurs années.
Le risque est plutôt faible. Comme l’a dit le rapporteur général, il y a eu un seul sinistre, de mémoire, à hauteur de 400 000 euros ; pour une caisse de garantie qui détient plusieurs centaines de millions d’euros, la disproportion était évidente.
Voilà à peu près deux mois, nous avons enfin obtenu la lettre de l’ACPR nous donnant le feu vert pour passer d’une catégorie à l’autre – je vous épargne les détails ! Ce qu’il faut retenir, c’est que le niveau de fonds propres dont l’immobilisation était exigée jusque-là peut être abaissé. C’est l’une des raisons pour lesquelles le Gouvernement propose en effet ce prélèvement.
Nous aurons l’occasion de revenir sur le fonds national des aides à la pierre. Que l’on porte les 100 millions d'euros au compte de l’État ou au compte du mouvement HLM, disons-le d’emblée, mais nous aurons ce débat, l’argent public reste de l’argent public. Et si les organismes HLM, si la CGLLS, si un certain nombre d’opérateurs du logement ont une certaine trésorerie, c’est aussi parce que la Nation – et c’est bien ! – leur a consenti un statut fiscal particulier, un certain nombre d’accompagnements en matière de construction, des aides à la pierre parfois – pas assez, me direz-vous, mais il y en a quand même.
C’est bien parce que beaucoup de gouvernements ont donné depuis longtemps la priorité à la construction de logements sociaux que cette trésorerie a pu être constituée – argent des locataires pour certains, argent des HLM pour d’autres, et de toute manière argent public !
À un moment donné, ce qu’il faut, c’est mettre en mouvement cet argent public. Souvenez-vous des fameux « dodus dormants » qui avaient conduit des gouvernements, de toute couleur politique, d’ailleurs, à considérer qu’il était préférable de mettre ces fonds en mouvement plutôt que de laisser s’accumuler dans certains organismes des trésoreries surabondantes.
Quant à savoir si l’argent destiné à alimenter le nouveau fonds national des aides à la pierre vient des HLM, des locataires ou de l’État, c’est un débat que nous devrons avoir.
Vous le dites poliment, madame Lienemann, mais je sais que ce que vous pensez : l’État pourra d’autant mieux alimenter ce fonds qu’il aura pris l’argent à la CGLLS !
Nous prévoyons, en effet, un abondement de ce fonds national des aides à la pierre à hauteur de 250 millions d'euros, ce qui fait que, même compte tenu des 100 millions d’euros prélevés, il en reste quand même 150 millions, alors qu’il était question qu’il y en ait zéro ! Les annonces du Président de la République au congrès HLM ont bien été tenues avec les 150 millions d'euros, je tiens à le dire.