Nous sommes en plein paradoxe. Le président de la République s'est engagé à construire 150 000 logements HLM par an. C'est la quadrature du cercle : les objectifs en termes de démolition, de construction, de réhabilitation, de travaux d'isolement sont faramineux, alors que le coût en fonds propres d'un logement neuf est au bas mot de 30 000 euros, 40 000 à 50 000 euros pour les zones tendues.
L'augmentation des crédits à travers l'aide personnalisée au logement (APL) et d'autres dispositifs est compensée par la réduction de l'aide à la pierre. Pour construire, les organismes HLM auront besoin d'autres financeurs : avec la baisse de la dotation de 3,5 milliards d'euros, les collectivités locales, exsangues, ne pourront plus apporter leur soutien. Les fonds propres des organismes Hlm sont insuffisants. La collecte du livret A est en baisse, même si cette ressource reste sous-utilisée. L'impossibilité technique du financement devient une réalité objective.
Si nous ne réfléchissons pas, ensemble, à un nouveau système de financement, à une nouvelle organisation de la production de logements sociaux, nous allons droit dans le mur. Il convient de drainer le financement privé vers le logement social. Alors que les organismes HLM n'ont plus d'argent pour construire, l'État leur impose des prélèvements pour alimenter son budget ! Un comble pour un gouvernement socialiste. À terme, les organismes HLM sont appelés à devenir plus gestionnaires que constructeurs. Ces questions doivent être clairement posées.
Jusqu'à présent, le logement social représentait une bouffée d'oxygène pour le bâtiment, compensant l'écroulement de la production privée. Les 17 000 logements construits grâce au dispositif Pinel ont amélioré la situation. Mais là aussi, vous vous opposez à toute aide de l'État aux investisseurs privés. Heureusement que ces dispositifs existent ! Nous allons à la catastrophe. La baisse des crédits d'aide à la pierre est une erreur majeure, c'est pourquoi notre groupe votera contre.