À Mme Deromedi, j'indique que les crédits pour les éducateurs et psychologues sont prévus. Pour les premiers, ils relèvent de la protection judiciaire de la jeunesse, pour les seconds, du ministère de la santé.
M. Grosdidier s'inquiète du nombre des places en prison et déplore le manque de constructions. Je rappelle cependant que, selon Mme Adeline Hazan, entre 20 et 30 % des détenus, qui souffrent de problèmes psychiatriques lourds, n'ont rien à faire en prison, et devraient être traités dans des centres appropriés. Quant aux condamnés à des peines courtes, on peut se demander s'il ne serait pas préférable de leur éviter une promiscuité qui peut être néfaste en développant les solutions alternatives à la prison. En tout état de cause, ce qui est sûr, c'est que plus on crée de places de prisons, plus les juges condamnent à des peines d'incarcération au lieu de rechercher des solutions alternatives. Ce n'est pas ainsi que l'on infléchira la politique pénale.
Un mot sur les téléphones portables. La maison d'arrêt d'Osny, que je connais bien, en a récupéré 1 300 l'an dernier. À quoi il faut ajouter tous ceux qui ont échappé aux surveillants, car il en existe aujourd'hui de très petite taille et presque entièrement en plastique, donc quasiment indécelables. Lestés de shit ou autres produits, ils sont envoyés par-dessus les enceintes, et le tour est joué. À quoi bon se lancer dans une course poursuite sans fin et des systèmes complexes de brouillage, qui ne font que témoigner du fait que l'interdiction totale est inefficace ?
Sur les peines alternatives, monsieur Bigot, on dispose de chiffres pour 2014. Seules 1 000 contraintes pénales ont été prononcées en un an, dont la moitié par 21 tribunaux de grande instance seulement, soit une minorité. En revanche, il y a eu 130 000 mesures de sursis avec mise à l'épreuve. Ce qui prouve que les juges restent fidèles à cette méthode, qu'ils connaissent, tandis qu'ils ne se sont pas encore approprié l'autre. Et je crains que la situation n'évolue guère.
Ainsi que l'a rappelé M. Sueur, il faut distinguer entre imams et aumôniers. Il est vrai, comme l'a rappelé Jacques Bigot, que les aumôneries musulmanes, à la différence des autres, ne fonctionnent qu'autour d'un aumônier, qui vient pour faire la prière. Aux Baumettes, 80 % des détenus musulmans font le ramadan, mais seulement trente détenus vont chaque semaine à la prière. La pratique religieuse est plus faible encore que chez les catholiques. Il y a là un vrai sujet.
J'en viens aux programmes individualisés de prise en charge des détenus en phase avancée de radicalisation. Entre parenthèses, je trouve un peu léger que l'on règle la question des quartiers dédiés par voie de simples circulaires. Cela mériterait d'être placé un peu plus haut dans la hiérarchie des normes.
Ce n'est pas aux aumôniers, qui ne sont absolument pas en situation de le faire, de prendre en charge ces programmes. Des psychologues, des travailleurs sociaux, des éducateurs spécialisés pour les mineurs sont prévus pour cela. Au reste, les personnes concernées n'ont aucune confiance dans les aumôniers et ne se tourneront jamais vers eux.