Intervention de Laurent Fabius

Réunion du 25 novembre 2015 à 14h30
Autorisation de prolongation de l'engagement des forces aériennes au-dessus du territoire syrien — Débat et vote sur une demande du gouvernement

Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international :

Pour mobiliser l’Union européenne, le Président de la République en rencontre les principaux dirigeants.

Avant-hier, il a ainsi rencontré le Premier ministre britannique, David Cameron, qui va demander à son Parlement que la Grande-Bretagne s’engage en Syrie. Comme tout à l’heure à l’Assemblée nationale, j’indique que nous souhaitons que le Parlement britannique approuve la proposition de M. Cameron.

Ce soir même, le Président de la République rencontrera la chancelière allemande, Angela Merkel. Je veux d’ores et déjà saluer la décision de l’Allemagne, qui pourrait dépêcher 650 hommes au Mali pour participer à nos côtés à la lutte contre le terrorisme et à la préservation de la paix dans ce pays, sans préjudice d’autres dispositions. Nous verrons bien ce que Mme Merkel nous dira.

Demain matin, enfin, le Premier ministre italien, notre ami Matteo Renzi, sera à Paris.

Nous le sentons bien : il y a enfin une prise de conscience quant à la gravité du danger et quant à la nécessité de joindre nos forces. C’est ce que nous disons depuis plusieurs mois. Les attentats de Paris ont été un choc pour l’Europe entière, qui a bien compris qu’elle était aussi visée. Pour l’Europe également, en effet, le 13 novembre a d’une certaine façon changé la donne.

Au-delà des États-Unis et de l’Europe, nous devons mobiliser un front mondial. Nous sommes à l’heure de vérité : chacun doit prendre ses responsabilités et dire clairement que l’ennemi en Syrie, c’est Daech !

Cette position doit être sans ambiguïté celle de tous les pays de la région. Car laisser Daech proliférer, c’est faire planer une menace de déstabilisation de tout le Moyen-Orient.

Demain, le Président de la République – je serai à ses côtés – sera à Moscou. Nous y rencontrerons le président Poutine. Le dialogue avec les autorités russes – il faut rétablir quelques vérités – n’a jamais été interrompu, ni sur l’Ukraine – je suis bien placé pour en parler – et la mise en œuvre des accords de Minsk ni sur la Syrie. Ce dialogue a été permanent. Ainsi, le Président russe était encore à Paris il y a peu et a discuté de la Syrie avec le président Hollande.

Pour la Russie là encore, le 13 novembre a également changé la donne, d’autant plus que ce pays aussi a été frappé par Daech, qui a revendiqué l’attentat faisant 230 morts contre un avion d’une compagnie russe ! Nous avons alors affirmé immédiatement notre solidarité à son égard.

Nous agissons d’ores et déjà en coordination avec les Russes, qui interviennent directement en Syrie depuis le 30 septembre. Cette coordination s’avère d’autant plus importante qu’un incident grave est intervenu hier entre deux avions turc et russe. Le Président de la République a appelé à la désescalade.

Jusqu’à présent, constatons que l’essentiel des frappes russes n’était pas dirigé contre Daech. Toutefois, il ne doit y avoir aucune équivoque possible quant aux objectifs poursuivis, qui doivent uniquement viser la destruction de Daech.

Ce front mondial contre Daech ne peut pas – contrairement à ce que nous avons pu entendre – intégrer le régime syrien ! Car enfin, si Daech a pu autant prospérer, c’est d’abord parce que le régime de Bachar al-Assad lui a laissé les coudées franches !

Ce front mondial doit, enfin, apporter tout son soutien à ceux qui se battent contre les troupes de l’État islamique, c’est-à-dire notamment les Kurdes, combattants valeureux que nous soutenons, et les groupes de l’opposition syrienne modérée !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion