Intervention de Jean-Marie Bockel

Réunion du 25 novembre 2015 à 14h30
Autorisation de prolongation de l'engagement des forces aériennes au-dessus du territoire syrien — Débat et vote sur une demande du gouvernement

Photo de Jean-Marie BockelJean-Marie Bockel :

Dans le contexte actuel, l’ensemble de nos partenaires européens devront se positionner, même les plus réticents aux opérations extérieures. Je partage avec beaucoup d’entre vous, mes chers collègues, un certain scepticisme quant à la volonté de beaucoup de s’engager réellement. Dans le même temps, j’observe avec satisfaction que, dans le meilleur esprit de solidarité franco-allemande, le gouvernement allemand a aujourd’hui fait part de sa volonté de déployer 650 soldats au Mali, afin de soulager la France dans son combat en Syrie contre l’État islamique. Quand on connaît l’état d’esprit allemand actuel, c’est un pas important.

Cette nouvelle approche du dossier syrien a d’ores et déjà produit ses effets au sein des enceintes internationales. Si l’OTAN est un partenaire incontournable, la première étape de la bataille diplomatique entreprise par la France a été de solliciter le Conseil de Sécurité des Nations unies, lequel a immédiatement répondu en adoptant, la semaine dernière, à l’unanimité, la résolution proposée par notre pays appelant tous les États qui le peuvent à lutter contre l’État islamique.

Cette résolution donne un cadre légal et politique à l’action internationale en vue d’éradiquer Daech en Syrie et en Irak. C’est une véritable avancée au regard des différents blocages qui pouvaient demeurer au Conseil de sécurité quant à la question syrienne depuis 2011. Elle doit maintenant se traduire en actes, et c’est une autre affaire !

Au-delà de la seule Syrie, l’État islamique est une menace majeure non seulement au Proche et au Moyen-Orient, mais aussi pour notre sécurité nationale.

Dans le combat contre le terrorisme et le radicalisme islamique, la protection du territoire national et les opérations extérieures ne peuvent être dissociées. Le combat se joue non seulement chez nous, mais aussi chez nos voisins. La France a été touchée, d’autres peuvent l’être.

Notre sécurité intérieure et notre défense nationale disposent de moyens de grande valeur, mais insuffisants, alors que jamais autant de fronts n’ont été ouverts contre la France ces dernières décennies. Nous sommes face à un véritable paradoxe stratégique qu’il est urgent de résoudre.

À la suite du renforcement du dispositif Sentinelle, on compte désormais 34 000 militaires déployés sur le territoire national et en opérations extérieures. Or, dans le cadre de notre engagement dans la bande sahélo-saharienne, les moyens de l’armée française ne sont pas illimités, et le renforcement nécessaire du dispositif Sentinelle empiète sur ces moyens.

Nous l’avons constaté avec tristesse lors des attentats de Bamako, la situation est encore loin d’être stabilisée au Mali. En outre, nous savons que le djihadisme poursuit sa prolifération dans le Sahel, autour d’AQMI, et plus au sud de l’Afrique, avec Boko Haram.

Le groupe UDI-UC salue l’annonce du Président de la République relative au gel de la déflation des effectifs de la défense jusqu’en 2019. Nous attendons de voir les traductions législatives concrètes de cet engagement, notamment à l’occasion de l’examen, vendredi prochain, dans cet hémicycle, de la mission budgétaire « Défense ».

Cependant, cette mesure ne sera pas suffisante tant la menace est diffuse et permanente. C’est pourquoi il est nécessaire de définir des moyens innovants pour assurer notre sécurité nationale sans saturer notre outil de défense.

Ainsi, outre l’augmentation de la réserve, déjà prévue par la loi de programmation militaire, l’annonce par le Président de la République, au Congrès de Versailles, de créer une garde nationale, que réclament un certain nombre de parlementaires depuis longtemps, ouvre une réflexion nouvelle en termes de défense du territoire et de prise en compte de la volonté d’engagement de nombre de nos concitoyens.

Néanmoins, cette garde nationale suscite encore un certain nombre d’interrogations. Elle ne saurait se substituer à notre outil de défense et aux militaires de métier, ni à la gendarmerie et à la police. Pour autant, il est important de travailler sur cette question. Ce matin, lors de la réunion de la commission des affaires étrangères, son président, Jean-Pierre Raffarin, et moi-même l’avons évoquée. Je pense que nous pourrons faire des propositions. En tout cas, nos concitoyens attendent nos décisions. Pendant des années encore, nous devrons certainement nous retrouver autour de cette question. Quoi qu’il en soit, préservons notre unité nationale, c’est essentiel !

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