Intervention de Jean-Pierre Raffarin

Réunion du 25 novembre 2015 à 14h30
Autorisation de prolongation de l'engagement des forces aériennes au-dessus du territoire syrien — Débat et vote sur une demande du gouvernement

Photo de Jean-Pierre RaffarinJean-Pierre Raffarin :

Ensuite, je lance un appel à la responsabilité budgétaire.

Il n’a pas fallu longtemps pour que le Gouvernement s’estime dégagé de sa responsabilité budgétaire, au motif que le pacte de sécurité l’emporterait sur le pacte de responsabilité. Je le rappelle, pour que chacun prenne la mesure du problème : notre effort de défense représente la moitié de notre déficit.

Engager ces dépenses indispensables ne nous exonère nullement de notre devoir de restaurer notre souveraineté budgétaire. Si nous avons obtenu le report à 2017 de l’objectif d’un déficit inférieur à 3 % du PIB, c’est en échange d’efforts accrus de réduction de notre déficit structurel. C’est tout le contraire qui risque de se passer ! Mais enfin, réfléchissons ensemble : qui peut croire que les dettes et les déficits renforceront la France et protégeront les Français ?

Enfin, attention à ne pas fragiliser le projet européen.

Vendredi dernier, lors de la réunion du conseil Justice et affaires intérieures, nous avons obtenu, et c’est important, des déclarations de principe sur le contrôle aux frontières extérieures, sur le PNR, ou Passenger Name Record, sur le contrôle des armes, sur l’échange d’informations.

Il faut maintenant passer aux actes ; sinon, c’est la confiance dans le projet européen qui sera gravement atteinte.

Schengen, manifestation de la libre circulation, principe fondateur de notre Union, ne résistera pas sans un renforcement drastique et rapide des contrôles aux frontières.

En matière de défense, la France est souvent bien seule ! Nombre d’États membres ont baissé la garde. La mise en œuvre, demandée par la France, de l’article 42.7 du traité de Lisbonne, si elle devait ne déboucher que sur des résultats dérisoires, livrerait un bien piètre bilan de l’« Europe de la défense ».

Nous sommes pourtant tous visés en Europe, dans nos valeurs et, très concrètement, dans nos modes de vie. Tous ces jeunes gens ont été assassinés, fauchés, parce que, par une belle et douce soirée, ils ne voulaient que vivre leur vie et profiter de Paris.

Dans les carnages aléatoires, il n’existe aucune frontière. La valeur de nos frontières, c’est la frontière de nos valeurs : la frontière de l’Europe.

Je voterai la prolongation de la guerre. Non que je croie en sa toute-puissance : je vote pour que le temps à venir soit celui de la diplomatie et de la politique.

La guerre, oui, pour nous donner le temps de la paix !

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