Vous tenez des propos parfaitement justes, monsieur Favier, lorsque vous évoquez, de manière générale, la nécessité de faire de l’éducation une priorité, de s’engager en faveur de la formation, de donner un avenir à la jeunesse au travers de l’école, de l’accès à l’emploi, de la culture, des loisirs. En un mot, de donner du sens, tout simplement, à la notion d’engagement !
Il existe une demande très forte d’engagement de la part de la jeunesse, cette jeunesse qui, précisément – c’est probablement ce qui motive votre question –, a été visée par les terroristes. Ces derniers s’en sont pris à son mode de vie, à son envie de s’amuser, de partager un spectacle ou un moment de convivialité, à son souhait de pouvoir vivre librement. Le terrorisme s’attaque à la France parce que nous sommes un peuple libre et que la jeunesse française veut vivre dans la liberté, et avec exigence !
Pour vous répondre le plus franchement possible, oui, monsieur le sénateur, bien sûr, il ne faut faire aucun amalgame. Toutefois, j’ai dans la tête les mots d’un jeune garçon, que j’ai rencontré deux jours après les attentats. Il avait reçu une balle dans le bras et avait vu son ami mourir sur la terrasse du restaurant où ils se trouvaient. Il m’a dit : « Arrêtez avec les discours sur les amalgames. Nous, nous n’en faisons pas ! »
Pour ma part, je réitère les propos que j’ai tenus, hier, à l’Assemblée nationale : nous avons des priorités à traiter pour le bien de notre jeunesse, vous avez raison de le souligner, mais ce n’est parce qu’il y aurait des difficultés dans nos quartiers populaires et que notre jeunesse n’aurait pas d’avenir – ce n’est évidemment pas ce que vous avez dit – que l’on pourrait trouver la moindre excuse ou justification aux événements survenus. Ou alors, cela signifierait qu’un jeune en difficulté, ayant connu l’échec scolaire, un jeune d’origine étrangère, de confession ou de culture musulmane, voire ayant été converti – il ne faut pas oublier le poids de l’islamisme et du salafisme dans les quartiers – se radicaliserait automatiquement, du fait de ces difficultés.
Non ! Il faut bien sûr mener une lutte implacable contre la radicalisation, mais, je vous le dis, mesdames, messieurs les sénateurs, j’en ai assez de ceux qui cherchent en permanence des excuses et des explications culturelles ou sociologiques aux événements qui se sont produits !