Intervention de Manuel Valls

Réunion du 26 novembre 2015 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Intervention en syrie

Manuel Valls :

Monsieur le sénateur, vous avez eu ce débat hier, et je ne doute pas que nous le poursuivrons. M. le Président de la République aura bien sûr l’occasion d’en rendre compte et d’établir un bilan, dont nous espérons tous qu’il sera positif, après ses nombreuses initiatives.

Je veux insister sur ce qu’a rappelé M. le ministre des affaires étrangères ici même, ou sur ce que j’ai développé moi-même à l’Assemblée nationale à l’occasion de ce débat important. La donne a changé, malheureusement, le 13 novembre dernier, avec les attentats de Paris, et depuis la constatation par les Russes, au lendemain des attentats qui nous ont frappés, que l’explosion d’un avion d’une compagnie russe au-dessus du Sinaï était bien due à un attentat, d’ailleurs revendiqué par Daech.

Nous avons toujours adopté une attitude très solidaire, mais en matière de coopération et d’échange d’informations, nous sommes enfin allés plus loin avec les Américains pour nos frappes en Syrie comme en Irak.

Les choses ont changé pour ce qui concerne les Russes, mais laissons le Président de la République et Vladimir Poutine en parler ce soir à Moscou, puisqu’une résolution voulue par la France a été votée à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies. Il faut maintenant des actes. L’objectif du Président de la République est, comme auparavant, de détruire Daech.

La France n’a jamais frappé le régime syrien au cours de ces deux dernières années, particulièrement au cours de ces derniers mois. Nous n’avons fait que frapper Daech depuis un an dans le cadre d’une coalition engagée en Irak, et depuis quelques semaines en Syrie, où nous avons intensifié ces frappes ces derniers jours.

Il faut réunir une coalition sans exclusive, sans réanimer les fractures, déjà bien vivantes, entre chiites et sunnites, car c’est l’une des clefs de compréhension du problème. Il serait extrêmement dommageable que de nous appuyer uniquement sur un axe chiite ou sur un axe Moscou-Bagdad-Téhéran. Ce n’est pas du tout ce que vous proposez, mais ce serait une erreur fondamentale pour la suite. Quant à l’idée, que vous n’avez pas évoquée, de combattre au sol ou de s’allier par exemple au Hezbollah, elle mérite, me semble-t-il, une certaine réflexion…

Il faut que tout le monde clarifie ses objectifs, et sur ce point vous avez parfaitement raison. C’est pourquoi, dans cette coalition, comme c’est le cas en Irak, où les Russes ne sont pas présents, nous obtenons des résultats, même si c’est très difficile et que cela le restera. Des frappes ont lieu et des troupes agissent au sol – les troupes irakiennes, les milices chiites et les valeureux combattants kurdes, qui ont repris certaines villes, coupant ainsi des axes stratégiques entre Mossoul et Raqqa. Il faut continuer et agir de même en Syrie.

Si nous voulons être efficaces, il faut en effet, de la part de l’opposition modérée, des Kurdes, de tous ceux qui s’engageront, mais sans que nous reproduisions les mêmes erreurs qu’en Libye ou en Irak, éviter toute ambiguïté. Autrement dit, tous les pays, y compris la Turquie, doivent dire bien que l’objectif, c’est Daech. La condition sine qua non pour réussir cette guerre est de sortir des ambiguïtés, d’entrer dans une coalition, dans une coordination, avec ce seul objectif : détruire Daech !

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