Intervention de Catherine Procaccia

Réunion du 1er décembre 2015 à 9h45
Questions orales — Avancées des recherches sur le chlordécone aux antilles

Photo de Catherine ProcacciaCatherine Procaccia :

Le chlordécone, utilisé comme pesticide de 1972 à 1993 dans les bananeraies contre le charançon, s’est révélé être un polluant organique puissant et persistant. Son emploi a eu des conséquences sanitaires graves et des incidences environnementales importantes, à la fois sur les cultures et sur les milieux aquatiques de la Guadeloupe et de la Martinique.

Heureusement, depuis 1999, les gouvernements successifs ont engagé plusieurs plans « chlordécone » afin de déployer des actions de prévention, faute de pouvoir assurer une dépollution : en effet, cette molécule n’est pas biodégradable et pourrait persister dans les sols entre 350 et 700 ans. À ce jour, on n’a trouvé aucune voie fiable de dépollution.

Dans notre rapport remis il y a six ans au nom de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, l’OPECST, Jean-Yves Le Déaut et moi-même insistions sur la nécessité de mener des recherches sur des processus de décomposition chimique. Or, depuis quelques mois, des informations convergentes confortent la crédibilité de cette approche.

En particulier, deux laboratoires semblent avoir trouvé des pistes crédibles.

Premièrement, le laboratoire de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale, l’IMBE, étudie l’hypothèse d’une biodégradabilité naturelle de cette molécule qualifiée d’« alien chimique ».

Deuxièmement, le Genoscope a isolé une bactérie capable de déchlorer, voire de permettre l’ouverture de la molécule de chlordécone, mais sans pouvoir déterminer par quel mécanisme. Pour progresser dans ses travaux, ce laboratoire aurait besoin d’utiliser du chlordécone radiomarqué au carbone 14 ; mais le coût de ce produit – environ 30 000 euros – est prohibitif pour cette structure.

Compte tenu de la pérennité de la pollution au chlordécone dans les sols antillais et de ses conséquences sur la santé, la recherche est la seule voie d’espoir.

Le Gouvernement entend-il coordonner les efforts de ces deux équipes de recherche ? Des moyens financiers seront-ils débloqués pour permettre à ces laboratoires d’avancer vers cette dépollution des sols totalement atypique ? En pleine COP 21, nos concitoyens d’outre-mer ont également besoin d’être rassurés sur leur avenir !

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