La gestion immobilière ne peut être envisagée du point de vue de la seule logique comptable ! Les ventes de bâtiments prestigieux peuvent devenir contreproductives, voire totalement incompréhensibles. La rationalisation de notre réseau ne peut se faire au détriment de notre rayonnement, qui, dans certains cas, passe aussi par la préservation des joyaux architecturaux français.
Pour autant, l’adaptation et le redéploiement de notre réseau, entamés sous le précédent quinquennat, étaient inévitables. Ils ne vont pas sans difficulté, ainsi que nos collègues élus des Français de l’étranger ne manquent pas de nous le rappeler.
La colocalisation avec les services extérieurs de l’Union européenne peut être une solution pérenne, à deux conditions : qu’elle ne remette pas en cause notre indépendance diplomatique et qu’elle réponde aux besoins de la communauté française sur place.
La mutation du réseau est une équation à double inconnue : comment continuer à assurer une mission de service public vis-à-vis des Français de l’étranger tout en adaptant notre diplomatie d’influence ?
Face à la Chine, à l’Inde, aux États-Unis, ou encore au Brésil, nous devons être offensifs et développer une véritable stratégie de smart power.
J’aborde maintenant le troisième point de mon intervention, dont nous avions déjà débattu lors de la réforme de l’action extérieure de l’État de 2010 qui avait donné lieu à la création de l’Institut français, cher à Jacques Legendre.
Je pense que nous devrions mettre en place une série d’indicateurs cohérents, afin de mesurer nos capacités en matière de rayonnement et d’influence. Cette grille d’évaluation réunirait différents critères dans tous les domaines qui nous intéressent : du développement de programmes destinés à promouvoir les institutions françaises aux échanges culturels, en passant par l’optimisation des aides à la pénétration de nouveaux marchés pour nos PME. Cette stratégie d’influence globale doit intégrer toutes les ressources relatives à la diplomatie économique.
Les voyages présidentiels et les cohortes de grands chefs d’industrie ne suffisent plus dans le monde où nous vivons. Le développement de la French Tech sur notre territoire a autant d’importance que celui du tourisme. D’ailleurs, ces deux leviers se complètent.
De plus en plus d’ingénieurs étrangers viennent travailler en France, non plus à Paris, mais dans des régions où la qualité de vie, le patrimoine naturel et l’art de vivre à la française sont des atouts tout à fait comparables.
J’évoquerai maintenant Atout France. Si nous saluons la mise en place d’une politique touristique à dimension internationale, nous avons du mal à comprendre les raisons pour lesquelles tous les budgets des opérateurs baissent, à l’exception de celui d’Atout France, alors même que les missions de cette agence sont en passe d’être redéfinies.
Par ailleurs, nous regrettons vivement la maladresse, ou l’oubli, de Bercy, qui a omis d’inscrire au budget d’Atout France la réaffectation d’une partie des recettes issues des visas. Comme Jean-Pierre Grand l’a évoqué dans son rapport, les émissions de visas sont en augmentation et sont très rentables. En 2013 et en 2014 respectivement, les visas ont rapporté 137 millions d’euros et 160 millions d’euros à l’État.
Au vu de ces chiffres, monsieur le secrétaire d’État, je pense que vous comprendrez notre position. Prélever 5 millions d’euros pour les affecter à l’AEFE ne portera nullement préjudice à Atout France.
Indépendamment de la nécessité de rétablir de la sincérité budgétaire, il s’agit de compenser la baisse des dotations concernant les bourses scolaires des Français expatriés, appartenant aux classes moyennes, pénalisés par la réforme. C’est pour cette raison que mon groupe soutiendra l’amendement de la commission des finances.
Sous réserve de ces remarques, qui, nous l’espérons, deviendront des axes de travail communs, le groupe Les Républicains votera les crédits de la mission.