Intervention de Claude Kern

Réunion du 2 décembre 2015 à 21h45
Loi de finances pour 2016 — Enseignement scolaire

Photo de Claude KernClaude Kern :

Pour améliorer la qualité de l’enseignement dans notre pays, j’ai évoqué la réallocation des moyens entre primaire et secondaire, ainsi qu’une meilleure articulation avec le monde du travail. Un troisième aspect ne peut toutefois être négligé, à savoir la faible attractivité des carrières des enseignants. C’est un problème majeur, qui affecte nécessairement les performances du système.

L’un des points négatifs est la rémunération des enseignants, qui est très insuffisante. Les chiffres sont éloquents : 2 200 euros nets en moyenne par mois pour un professeur des écoles en fin de carrière, soit deux fois moins qu’en Allemagne !

Or le Gouvernement a résolument choisi le recrutement au détriment de la revalorisation des rémunérations. Il poursuit son plan de création de 54 000 nouveaux postes dans l’éducation nationale durant la législature. En 2016, quelque 8 561 postes nouveaux seront ainsi créés.

Néanmoins, face à la faiblesse de l’attractivité de la carrière, les concours sont très peu performants. Lorsqu’on arrive presque, pour certains d’entre eux, à un candidat pour un poste, est-ce toujours un concours ? Franchement, la question se pose sérieusement.

De même, on peut se demander si la création de certains de ces postes ne relève pas de l’effet d’annonce. Je pense notamment aux 2 150 assistants d’éducation recrutés pour les réseaux d’éducation prioritaire, alors que le programme « Vie de l’élève » ne permettrait d’en financer que 1 000…

Pour en terminer justement sur ce programme, reste le lancinant problème des rythmes scolaires qui, une fois de plus, a placé les collectivités en première ligne de réformes décidées par l’État, et dont le fonds de soutien est insuffisamment doté, plus spécifiquement pour aider les établissements privés sous contrat d’association.

Non-revalorisation des rémunérations des enseignants, non-financement de postes dont la création est annoncée, non-accompagnement de la réforme des rythmes scolaires, autant de carences qui sont d’autant plus choquantes que le programme « Soutien de la politique de l’éducation nationale » semble être celui de tous les dérapages. Elles ont été stigmatisées par notre rapporteur : coût du programme informatique de gestion des ressources humaines SIRHEN, retards significatifs et surcoûts croissants dans les grands projets immobiliers du ministère…

Une série d’amendements a donc été déposée sur cette mission. Et parce que les choses sont toujours bien faites au Sénat, chacun de ces amendements vise justement à corriger, même marginalement, mais symboliquement, chacune des insuffisances et des dérives dont j’ai fait état.

Le premier amendement tend à infléchir la politique du recrutement, le deuxième à supprimer les crédits destinés à SIRHEN en 2016, le troisième, déposé par Françoise Férat et nombre de nos collègues du groupe UDI-UC, à rétablir les crédits de l’enseignement technique agricole, les quatrième et cinquième à améliorer l’accompagnement des communes par l’État en matière scolaire, en le faisant participer au renouvellement des manuels scolaires dans le premier degré et en anticipant l’abondement du fonds de soutien aux activités périscolaires pour les écoles privées sous contrat.

Le vote du groupe UDI-UC dépendra donc du sort de ces amendements, que nous soutiendrons fermement.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion