Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, après le rapport exceptionnellement complet de la commission des affaires étrangères, il me reste peu de choses à dire, sinon que mon groupe va évidemment voter en faveur de cet accord.
La concurrence en matière agricole, notamment s'agissant d’exportation de bananes, me passionne évidemment, mais j’observe que les articles 22 et 23 de l’accord comportent des dispositions relatives au terrorisme et, surtout, à la lutte contre le trafic de drogue.
Pour avoir présidé la commission d’enquête sénatoriale sur l’organisation et les moyens de la lutte contre les réseaux djihadistes en France et en Europe et continuer à travailler sur le financement de ces réseaux, je tiens à insister, madame la secrétaire d’État, sur la porosité désormais avérée de tous les circuits financiers de délinquance, y compris ceux des cartels de la drogue, avec les circuits de financement du terrorisme. Nous retrouvons dans le Sinaï des représentants des cartels les plus connus, notamment ceux de Colombie. Nous ne concluons évidemment pas d’accord avec ces cartels, mais nous concluons un accord, du reste passionnant, avec le pays où ils sont implantés.
J’ai bien compris la totalité des dispositions de cet accord. Il est très important que l’Europe, dans sa politique de voisinage très étendu, s’intéresse à ces questions. En ce qui me concerne, le point le plus stratégique de cet accord concerne la lutte contre le terrorisme et les trafics de stupéfiants.
Je note aussi l’impérieuse nécessité du respect des droits de l’homme. Je regrette cependant que de tels impératifs ne soient pas insérés ni, en tout cas, appliqués dans les accords de la politique de voisinage avec Israël, ce qui rendrait service à la population palestinienne. La Palestine, vous le savez, madame la secrétaire d’État, n’est pas un territoire oublié, c’est un territoire disparu !
Je suis absolument ravie que nous mettions les droits de l’homme en exergue dans le cadre de nos échanges avec la Colombie et le Pérou, mais je crois qu’il ne faudrait pas donner l’impression d’appliquer un double standard dans nos relations avec d’autres pays qui ont signé des accords du même type, voire plus favorables, avec l’Union européenne.
Nous sommes favorables à l’extension de nos relations avec des pays qui sont, il faut l’avouer, un peu lointains et avec lesquels nous n’entretenons pas forcément des relations très suivies. De même, nous sommes favorables au développement des échanges agricoles et au renforcement de nos relations commerciales sous l’égide de l’Europe. Cependant, dans le contexte actuel, les dispositions majeures de cet accord sont bien les articles 22 et 23.
Je souhaite que cet accord puisse permettre aux autorités européennes d’avancer, notamment, dans la lutte contre le financement du terrorisme. En effet, les ministres européens se réunissent quotidiennement pour en discuter et l’Union européenne a adopté de nouvelles dispositions pour lutter contre ce financement : cet accord fait donc partie des moyens de lutte indirects contre le terrorisme, en particulier contre le phénomène très important du trafic de drogue – encore une fois, tous les rapports attestent que les cartels de la drogue sont liés aux groupes d’Al-Qaïda présents dans le Sinaï.
Je crois donc que cet accord est un bon accord, mais probablement pas pour les mêmes raisons qu’un certain nombre de mes collègues. En tout cas, ces dispositions des articles 22 et 23 représentent une avancée, et nous voterons donc en faveur de la ratification de cet accord, qui sera bon s’il est bien contrôlé et s’il permet de progresser dans la lutte contre le trafic de stupéfiants.