Je répète tout d'abord que nous ne sommes pas en Syrie pour défendre Bachar al-Assad, mais pour défendre l'État syrien.
C'est essentiel. On a vu ce qui s'est passé en Libye, ou en Irak. Si la Russie n'était pas intervenue militairement le 30 septembre, Damas serait tombée, la Syrie n'existerait plus, et toutes nos conversations n'auraient plus de sens !
Le facteur temps était également important. Il a d'abord fallu se battre contre Daech. On a déjà dit que Daech était un peu partout. Ce sont les appellations qui changent. Notre ennemi, ce n'est pas Daech ou Al-Qaïda. Ils peuvent changer de nom. Notre ennemi, c'est l'islam radical, fondamentaliste, qui a lancé un défi à notre civilisation.
On ne peut sans doute pas battre les idées islamistes radicales uniquement par les armes. Il faut aussi mener un combat d'idées. Il faut se poser la question : pourquoi les idées djihadistes attirent-elles les Européens ? C'est la question fondamentale : pourquoi les jeunes Français vont-ils se battre en Syrie ? Il faut aller aux racines du problème.
Bien sûr, il faut se battre militairement contre Daech, mais il faut aussi traiter le problème en amont. Pourquoi cela arrive-t-il ? Beaucoup de réponses ne concernent pas uniquement la France, mais aussi la Russie et l'Europe. Il faut tenir compte de nos relations avec les immigrés, avec l'islam, avec les musulmans.
Je crois qu'un effort considérable doit être fait dans le domaine de l'éducation et de l'enseignement. Il faut parler aux enfants, surtout à l'école primaire, lorsque les personnalités se forment. À l'université, c'est déjà trop tard.
Il faut montrer aux plus jeunes la richesse du monde, leur présenter les différentes religions, leur expliquer l'histoire, pourquoi ces religions sont apparues. Les enfants ne savent rien. Leur ignorance est totale. Cela rend notre société vulnérable aux idées djihadistes.
Lorsqu'on est jeune - on l'a tous été - on est souvent romantique, on est attiré par de grandes idées qui nous font rêver. La société que nous avons construite ne véhicule plus de rêves. C'est là le problème. C'est aussi une question de valeurs, des valeurs qui ne doivent pas être obligatoirement religieuses.
Il n'existe aujourd'hui de moins en moins de valeurs, et les jeunes se laissent attirer par l'islam radical. L'une des recommandations que j'adresserais à la société européenne est de réfléchir à cette question de base.
S'agissant de Bachar al-Assad, c'est un Syrien comme les autres. Son père était encore plus dur que lui, mais il n'a jamais été critiqué !