Intervention de Jean-Noël Cardoux

Réunion du 21 janvier 2016 à 21h30
Reconquête de la biodiversité de la nature et des paysages — Article 34

Photo de Jean-Noël CardouxJean-Noël Cardoux :

Je souscris totalement à vos arguments, madame la ministre : trop de protection tue la protection ! En outre, si ces amendements, qui sont des déclarations d’intention, étaient adoptés un autre problème devrait être abordé, celui du financement. On déclare que l’on va restaurer des sites détériorés… Certes, mais qui financera cette restauration ?

Il me semble donc, toujours dans l’optique que j’ai plusieurs fois développée tout à l’heure, qu’il faut laisser faire les acteurs locaux. On l’a vu en Alsace : quand des utilisateurs de la nature – pas forcément des chasseurs – constatent qu’une espèce est menacée, ils se mobilisent et trouvent des financements. Les laisser faire est, me semble-t-il, moins coercitif et présente cet avantage de valoriser le bénévolat ou les initiatives individuelles. En effet, s’ils sont dans l’obligation d’agir, les acteurs locaux se mobiliseront pour trouver des financements.

J’ajouterai à cela un exemple. Mme Blandin a, à juste titre, fait référence à des arrêtés de protection de biotope, contenant des obligations de faire ou de ne pas faire. Je me suis moi-même référé à de tels arrêtés s’agissant du cas de la nidification des sternes dans la Loire moyenne, un problème que j’ai personnellement vécu.

L’association de chasseurs de gibiers d’eau que je présidais participait à cette protection. Au bout d’un certain temps, les saules de Loire ont envahi les vasières et les bancs de sable sur lesquels les sternes nichaient. Quand je suis intervenu auprès du service gestionnaire de la Loire, la structure ne disposait pas des moyens lui permettant de les éradiquer.

En définitive, l’association des naturalistes orléanais et les chasseurs de gibiers d’eau se sont pris par la main : ils ont signé un accord et ont effectué les travaux nécessaires pour favoriser la nidification des sternes. C’est pourquoi plus on multipliera les dispositifs sans accorder de financement, plus on provoquera un phénomène de rétraction et de crainte. Laissons faire les acteurs locaux ! Ce sont eux qui connaissent le mieux le terrain et la nature de leur territoire.

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