Il faut vraiment, quand même, que nous tirions le bilan de ce qui s’est passé avec le frelon asiatique ! Ce n’est pas, en effet, le seul cas de figure où une réaction trop tardive à l’apparition d’une espèce invasive nous place dans une situation inextricable.
Nous connaissons l’exemple de la jussie : les coûts de la lutte pour éviter son expansion sont extrêmement importants pour les collectivités. Puisque notre débat porte sur la biodiversité, je pourrais également citer l’exemple de l’arrivée du moineau aux Antilles, où il devient une menace pour un certain nombre d’espèces endémiques qui risquent de disparaître. Il ne s’agissait pourtant, à l’origine, que de deux moineaux arrivés par bateau : s’ils avaient été détruits immédiatement, nous n’aurions rencontré aucun problème.
Ce rapport peut donc être aussi l’occasion de revoir la manière dont l’État réagit à l’importation d’une espèce invasive.
Je suis contre le recours abusif au principe de précaution. On l’utilise à toutes les sauces, ce qui finit par le vider de sa substance. Ce principe doit être exclusivement réservé aux situations où le risque est important, et où l’on agit en amont de ce risque.
S’agissant des espèces invasives, on attend généralement d’avoir vérifié les effets catastrophiques de l’espèce en question pour tenter de la détruire. Or, évidemment, c’est trop tard !
Nous devons être capables d’assumer la destruction de l’espèce invasive avant que sa nocivité ait été formellement démontrée. Une espèce invasive n’a rien à faire hors de son écosystème : si elle commence à se développer sur un territoire qui n’est pas le sien, il faut immédiatement s’en débarrasser. C’est ainsi que les coûts sont minimisés.
Ce rapport doit par conséquent nous permettre de revoir toute la chaîne de décision qui préside à la lutte contre les espèces invasives.
La législation européenne pose certaines difficultés – j’en ai fait l’expérience en me coltinant la jussie dans mon département. Mais si nous pouvions, à l’issue de la deuxième lecture, disposer d’un bloc législatif cohérent de lutte contre les espèces invasives, dont le frelon asiatique est aujourd’hui l’un des exemples éminents, nous aurions fait œuvre utile.
D’où l’intérêt d’un rapport court, mais qui, ne limitant pas son champ d’investigation au seul frelon asiatique, tire les leçons de cette expérience pour d’autres espèces.
Un grand nombre d’espèces, dans le monde, ne demandent en effet qu’à s’installer hors de leur écosystème. Je ne parle évidemment pas des humains : les humains, quant à eux, il faut savoir les accueillir !