Intervention de Ségolène Royal

Réunion du 22 janvier 2016 à 14h30
Reconquête de la biodiversité de la nature et des paysages — Article 2

Ségolène Royal, ministre :

Le Sénat a su durant ce débat, comme il l’avait d’ailleurs fait lors de l’examen de la loi de transition énergétique, surmonter et transcender les clivages politiques pour rapprocher les points de vue, en recherchant non seulement l’intérêt général du pays, mais encore la préfiguration du présent et du futur. Là est notre enjeu principal.

L’année écoulée a vu la mise en place de trois piliers de cette action en faveur de l’écologie : la loi de transition énergétique, la COP 21 et, enfin, ce projet de loi pour la biodiversité et les actions opérationnelles qui l’accompagnent. Les Français peuvent en être légitimement fiers et la représentation nationale, le Sénat en particulier, y aura beaucoup contribué.

Ainsi, la France, qui a la responsabilité de présider la COP 21 pendant encore une année, a accompli tout l’effort nécessaire pour se montrer exemplaire, pour tracer le chemin et pour indiquer des voies d’avenir. Cela nous aidera également à fédérer des États à l’échelon européen pour que l’Europe aussi prenne de l’avance dans le message qu’elle doit envoyer au reste du monde en matière de lutte contre le réchauffement climatique. La biodiversité fait en effet partie de la lutte contre le réchauffement climatique : c’est exactement le même combat !

Nous avons également eu le souci – c’est l’une de mes préoccupations principales – de réconcilier écologie et économie. Cette démarche est tout particulièrement visible dans le domaine dont nous avons débattu. Nous avons, avec ce texte, fait un pari scientifique et économique qui stimulera l’innovation et créera des activités et des emplois dans des filières d’avenir : le génie écologique, le biomimétisme et, plus largement, de nombreux secteurs industriels déterminants liés à l’alimentation, à la santé, aux médicaments ou encore aux cosmétiques. En fin de compte, toutes les sciences ont à voir avec les leçons que nous donne la nature. Je souhaite que les entreprises françaises soient les meilleures du monde dans ce domaine : c’est pourquoi nous avons, pour la première fois, mobilisé le plan d’investissement d’avenir en faveur de toutes les entreprises liées à la biodiversité.

L’élément phare de ce projet de loi est évidemment la création tant attendue de l’Agence française pour la biodiversité. Je compte sur vous pour m’aider à mettre en place cette agence dans les meilleures conditions. Pour entamer cette préparation, j’ai déjà demandé à mes équipes de réfléchir à ce que serait l’ordre du jour de la première réunion de l’AFB. Nous ne devons pas en effet nous laisser absorber par les seules problématiques techniques de la mise en place de l’agence. Cela est certes très important, mais nous devons aussi, dès maintenant, nous projeter sur les premières décisions potentielles de cette agence, ses premières missions et la densité de ses premiers travaux, pour qu’elle dispose d’une certaine visibilité et qu’elle puisse entraîner derrière elle tous les Français. L’éducation à l’environnement dans les écoles sera à cet égard primordiale. Souvent, en effet, les jeunes générations sont extrêmement en avance pour prendre conscience des merveilles de la nature.

Nous donnons aujourd’hui à la France de forts moyens pour faire d’elle un pays qui passe à l’acte, un pays capable d’entraîner à sa suite, par son exemplarité et son volontarisme, un pays décidé à ouvrir la voie non seulement pour lui-même, mais aussi pour les autres, car nous sommes citoyens d’un monde commun et la biodiversité nous oblige à penser cette citoyenneté à l’échelle planétaire.

La biodiversité et les paysages constituent la trame et la chaîne de cette toile du vivant, comme le dit Hubert Reeves, que je ne veux jamais manquer de citer. En effet, ce projet de loi est aussi le résultat du long combat d’Hubert Reeves et de son association Humanité et Biodiversité. Nous sommes partie intégrante, il nous le rappelle toujours, de cette toile du vivant.

Nous avons débattu d’enjeux lourds et graves, mais aussi extrêmement enthousiasmants, qui nous rappellent l’urgence d’agir pour aujourd’hui et pour demain.

En guise de conclusion, j’ai envie de vous parler de l’éblouissante beauté de la nature et de la part de poésie de l’action publique. J’ai la conviction que votre œuvre fera date dans l’histoire de cet hémicycle, comme dans celle de notre pays. Ce que nous avons fait ici est observé par les pays du monde entier. En effet, en raison de la réussite de la COP 21, largement attribuée à la France, une grande attention est portée aux initiatives que nous prenons. Je suis certaine, par ailleurs, que nous serons ainsi utiles à d’autres pays qui s’interrogent sur la meilleure façon de protéger leur biodiversité, leur nature et leurs paysages. Le travail que nous avons accompli est ainsi appelé à relever des défis majeurs du temps présent et des temps à venir.

Pour répondre à votre souhait, monsieur le président de la commission, je veillerai à ce que les travaux de l’Assemblée nationale respectent ceux du Sénat. Il ne sera pas question de revenir de façon mécanique et sectaire à ce qu’avait voté l’Assemblée nationale en première lecture. Au contraire, il faudra tenir compte de l’enrichissement que les travaux du Sénat ont permis d’apporter à ce texte : je m’en assurerai le plus souvent possible avec la plus grande attention. C’est ainsi seulement que nous pouvons ensemble coconstruire pour durer. Au-delà de la diversité de nos opinions, l’attention que chacun d’entre vous a portée à ces débats, quel que soit le groupe auquel vous apparteniez, mérite d’être saluée, respectée et utilisée pour faire en sorte que le texte qui sera définitivement adopté soit le meilleur possible.

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