Monsieur le sénateur, la lutte contre les moustiques présente de nombreux enjeux, du point de vue tant de la santé publique que de la nuisance pour nos concitoyens ou encore du préjudice pour notre économie, notamment touristique. Il s’agit d’un sujet d’attention et de mobilisation pour le Gouvernement.
Aujourd’hui, le marché des produits insecticides antimoustiques est très limité en Europe. En effet, les coûts de développement et le processus de validation réglementaire pour vérifier l’absence d’effet imprévu sur la santé humaine ou sur l’environnement réduisent sensiblement l’intérêt que trouvent les industriels de la chimie à ce domaine.
En conséquence directe, les produits disponibles deviennent de plus en plus rares. Actuellement, en France, seuls peuvent être utilisés ceux contenant soit du BTI, efficace contre les larves de moustiques, soit de la deltaméthrine, efficace contre les moustiques adultes.
Par ailleurs, il convient de rappeler que la lutte anti-vectorielle ne doit pas se limiter au seul usage de traitements chimiques. Des actions de sensibilisation des populations concernées, pour rappeler les consignes de prévention et les mesures individuelles et collectives de protection, sont indispensables, notamment pour limiter les conditions propices au développement des moustiques.
En métropole, grâce à un usage jusqu’ici adapté des insecticides, les espèces de moustiques présentes sur notre territoire, dont le moustique tigre, n’ont pas développé de mécanismes de résistance – une veille rigoureuse à ce sujet est d’ailleurs assurée. Dès lors, le recours à ces insecticides via les campagnes organisées par l’ensemble des organismes publics de démoustication conserve tout son sens et constitue aujourd’hui un outil essentiel de cette lutte. La mobilisation et le travail réalisé par ces équipes de démoustication doivent d’ailleurs être salués.
Cela étant, Mme Ségolène Royal partage votre préoccupation par rapport à cette espèce invasive et quant à notre arsenal très réduit de lutte contre ces insectes. C’est pourquoi elle a demandé en juillet dernier à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, l’ANSES, d’identifier les autres molécules utilisées en Europe et pouvant l’être aussi en France, ainsi que les substances les plus prometteuses pour développer de nouveaux produits antimoustiques. Ce bilan est attendu au premier semestre 2016.
À l’issue de cette étude, l’objectif sera de mobiliser les industriels afin de mettre en œuvre des actions concrètes en vue du développement et de la mise sur le marché de produits complémentaires à ceux actuellement disponibles. Cette démarche sera initiée avec le concours de l’entente interdépartementale de démoustication du littoral méditerranéen, dans le cadre d’un groupe de contact lancé à l’automne dernier sur l’initiative du ministère de l’écologie, en lien avec le ministère chargé de la santé.