Madame la sénatrice, permettez-moi tout d’abord de vous communiquer quelques données précises concernant ce phénomène d’immigration vers l’Italie, puis d’Italie vers la France.
En 2015, 153 842 migrants sont arrivés irrégulièrement en Italie par la voie maritime.
Ce chiffre est en baisse de 9, 5 % par rapport à 2014, ce qui s’explique, pour l’essentiel, par l’ouverture de la route des Balkans et par la baisse du nombre de Syriens empruntant la Méditerranée centrale.
Cependant, à la frontière entre la France et l’Italie, la pression migratoire est demeurée très élevée : 27 313 interpellations ont été réalisées et 17 661 étrangers en situation irrégulière ont été réadmis en Italie au titre de l’accord de Chambéry, soit près de 65 % du total des personnes interpellées. Le traitement des autres personnes s’effectue dans le cadre de la procédure de Dublin.
L’Italie, pas plus que la Grèce, ne peut être laissée seule face à cette pression migratoire, qui appelle une réponse européenne, d’autant que la crise libyenne n’est pas encore résolue. Des décisions importantes ont été prises par le Conseil européen comme par le Conseil justice et affaires intérieures. Elles doivent être mises en œuvre, dans toutes leurs dimensions : les hotspots, le mécanisme de relocalisation, une politique effective de retour et une coopération accrue avec les pays tiers d’origine et de transit.
Chacun des maillons de cette chaîne, et notamment le bon fonctionnement des hotspots, est essentiel.
L’Italie s’est engagée à faire fonctionner six hotspots, ce qui implique notamment de procéder à l’identification, à l’enregistrement et au relevé des empreintes digitales des migrants débarqués, parfois amenés après des opérations de sauvetage ou de lutte contre les passeurs.
À ce stade, les autorités italiennes font état d’un taux d’enregistrement des relevés d’empreintes dans le système Eurodac de l’ordre de 60 %, certains migrants refusant de donner leurs empreintes en Italie pour pouvoir déposer des demandes d’asile dans les pays d’Europe du Nord.
La mise en œuvre des obligations découlant du règlement « Eurodac » relève de la responsabilité de chaque État membre, sous le contrôle de la Commission européenne.
La France est bien sûr disposée à examiner, si l’Italie en fait la demande, le principe d’une coopération, afin de mettre en place une alimentation systématique de la base Eurodac. C’est ce que nous souhaitons.
La France participe d’ailleurs au fonctionnement des hotspots en Italie et en Grèce, par le biais des 60 personnes qu’elle met à disposition de FRONTEX et des 18 personnes affectées au Bureau européen d’appui en matière d’asile.
Nous tenons également nos engagements en matière de relocalisations, tout en apportant, bien évidemment, toutes les garanties de sécurité nécessaires. Notre approche repose en effet sur un équilibre entre solidarité européenne et impératifs sécuritaires. C’est le sens de toutes les propositions que nous avons formulées pour reprendre la maîtrise de l’espace Schengen.