Intervention de Georges Patient

Réunion du 29 mai 2010 à 15h00
Modernisation de l'agriculture et de la pêche — Article 20

Photo de Georges PatientGeorges Patient :

La pêche, comme de nombreux secteurs, traverse une crise profonde dans les outre-mer.

Comme on peut le lire dans le rapport de la commission, « le contraste est saisissant entre l’importance de la zone économique exclusive », régulièrement citée comme atout pour notre pays, car elle représente plus de 11 millions de kilomètres carrés, et la faible activité de la pêche ultramarine.

En dépit des nombreuses ressources halieutiques qui y ont été recensées, les collectivités ultramarines font largement appel à des exportations pour couvrir leur consommation. C’est un non-sens lorsque l’on sait que ce secteur est capital pour les départements d’outre-mer, non seulement en termes de réservoir de ressources pour l’alimentation, mais également en ce qui concerne l’emploi.

Les DOM se placent parmi les premiers départements français en termes d’effectifs de marins actifs, la Guadeloupe et la Martinique occupant respectivement les septième et huitième rangs.

Qu’il s’agisse des ressources locales ou des emplois locaux, le secteur de la pêche est très porteur. Son essor permettrait de parvenir réellement au développement endogène que préconise le chef de l’État pour les outre-mer français.

Il convient donc de prendre les mesures qui s’imposent pour passer des bonnes intentions à la réalité !

Le développement de ce secteur est, on le sait, entravé par de nombreuses difficultés.

La filière connaît un important problème de structuration. Les organisations de producteurs n’existent qu’en Guyane et en Guadeloupe. Une inadéquation se manifeste très souvent entre les normes européennes et les réalités ultramarines. Nombre d’entreprises de transformation souffrent d’une incapacité chronique à s’adapter aux modes de traitement modernes.

Par ailleurs, se développent des circuits parallèles de commercialisation des poissons, ce qui fragilise les circuits légaux mis en place sur le marché local. Des moyens insuffisants sont consacrés à la lutte contre le développement de la pêche illégale pratiquée par les pays frontaliers – 20 % et 30 % des débarquements notamment en Guyane – et à la protection de la ressource.

De plus, la faible connaissance voire l’absence de données scientifiques sur les ressources marines empêchent la mise en place d’une gestion rationnelle des ressources.

La vétusté des navires entraîne des surcoûts d’exploitation. On note un déficit en termes d’infrastructures portuaires conformes aux normes et une inadéquation entre l’offre et la demande à l’intérieur même des DOM. La pêche fraîche guyanaise, qui est abondante, pourrait couvrir les besoins des Antilles, qui importent des pays tiers de grandes quantités de poissons – environ 15 000 tonnes par an –, contribuant, de ce fait, au déficit de la balance commerciale nationale s’agissant des produits de la mer.

La couverture des besoins financiers constitue un autre problème majeur. Les difficultés financières des départements d'outre-mer dans ces secteurs sont légion et tendent à s’accroître. Depuis de nombreuses années, nous demandons, en vain, que l’on étende outre-mer certains dispositifs métropolitains, tels les fonds de garantie et de capital-risque, les prêts bonifiés ou l’installation d’organismes de financement davantage tournés vers les entreprises intervenant dans les secteurs productifs.

Les freins au développement de ce secteur sont connus, de même que les moyens d’y remédier. Il faut prendre les mesures urgentes qui s’imposent. Les amendements que je présenterai aux articles 20 et 21 vont dans ce sens.

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