Sur ce point, je serai un peu plus prudente que les collègues se sont exprimés avant moi.
Selon les chiffres fournis par l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste, l’UCLAT, plus de 50 % des signalements émanent des familles. De fait, à la fois cet amendement était légitime, à la fois il tendait à faire peser sur les familles une charge trop importante. Or on compte parmi celles-ci des gens qui ne maîtrisent pas toujours très bien la langue française, qui sont parfois en situation irrégulière ou qui, parce que leurs enfants se sont radicalisés, se trouvent face à un dilemme épouvantable.
C’est pourquoi, je le répète, il faut envisager avec une extrême prudence la pénalisation de l’absence de signalement par la famille.
Loïc Garnier, qui dirige l’UCLAT, vous expliquera sans doute mieux que moi les raisons de cette nécessaire prudence et ce dilemme auquel sont confrontées les familles, que j’évoquais à l’instant : signaler l’acte ou laisser leurs enfants à la dérive.
Tout cela mérite réflexion et c’est ce à quoi nous invite l’amendement de notre collègue Jean-Baptiste Lemoyne, bien qu’il ait été retiré.
Monsieur le garde des sceaux, je me rends la semaine prochaine dans les services afin de procéder à une évaluation – c’est une nécessité – de tous ces dispositifs mis en place par les lois votées dernièrement. C’est seulement à l’issue de ces évaluations que nous pourrons valider ou non une proposition de ce type.