Au cours de ce débat, comme des précédents, j’ai été frappée de voir à quel point la seule et unique réponse envisagée face au terrorisme est répressive et sécuritaire.
Aujourd’hui comme hier, il n’y a pas eu un mot sur l’éducation, la prévention, la réinsertion… Ces termes-là sont devenus tabous.
Nous « débattons », si l’on peut dire, aujourd’hui d’un texte visant à renforcer les pouvoirs des juges, à aggraver la répression, à instaurer un régime dérogatoire de l’exécution des peines pour les personnes condamnées pour terrorisme.
Nous débattrons demain d’un texte poursuivant des objectifs similaires, mais présenté par le Gouvernement.
Pouvons-nous croire une seconde que le fait de mettre un individu en prison pendant quarante ans, sans possibilité de remise de peine et en le privant de sa nationalité française s’il est binational, empêchera l’embrigadement de certains de nos jeunes par les pires obscurantistes et leur éventuel départ pour la Syrie ?
Vouloir agir est légitime ; vouloir protéger est tout à notre honneur. Si nous partageons tous une telle ambition, peut-être faut-il faire preuve d’un peu plus d’humilité et accepter enfin l’idée que le législateur ne détient pas toutes les réponses en matière de lutte contre le terrorisme.
À mon sens, cette lutte être menée par l’ensemble des composantes de notre société : les enseignants, les formateurs, les éducateurs, aux côtés de la police, des services de renseignement et de la justice. Tous ces acteurs doivent avoir les moyens de leurs missions.
Il émane un sentiment diffus du texte que nous allons voter maintenant. Nous craignons les dérives que certaines dispositions pourraient entraîner, tant elles sont attentatoires aux libertés individuelles. Nous avons l’impression qu’on se trompe une fois encore de réponse.
En conséquence, le groupe écologiste, dont je porte la voix aujourd’hui, votera contre ce texte.