Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, une nouvelle fois, l’ordre du jour du prochain Conseil européen est « vampirisé » par deux problématiques dont la résolution est vitale pour l’avenir de l’Europe : d’une part, la crise migratoire dans laquelle l’Europe s’englue, faute de pilotage clair ; d’autre part, le Brexit, qui suscite des crispations face à un Royaume-Uni toujours demandeur d’aménagements.
Mes chers collègues, je constate que nous n’avons jamais tant parlé d’Europe que depuis qu’elle va de mal en pis. Je le regrette, comme mes collègues du groupe UDI-UC, lequel, vous le savez, a l’Europe chevillée au corps. Cette Europe, que nous avons construite pas à pas, où en est-elle aujourd’hui ?
La crise migratoire fragilise l’équilibre des dispositifs assurant la libre circulation des personnes au sein de l’espace Schengen. Elle est source d’inquiétudes pour les États et les citoyens européens.
Bien sûr, aucune solution n’est évidente et cette crise ne pourra trouver que des réponses complexes et multiples, au sein de l’Union européenne, à ses portes, mais aussi sur les continents africain et asiatique, meurtris par les guerres et l’instabilité politique.
Néanmoins, sur certains terrains, nous disposons d’une plus grande marge de manœuvre.
D’une part, le renforcement de la coopération avec la Turquie, via un soutien logistique et financier et la « redynamisation » des négociations d’adhésion, peut être soumis à la condition d’une bonne exécution des engagements de ce pays sur la question migratoire. Je tiens à saluer cette initiative, qui a été validée récemment.
Je pense néanmoins que, pour limiter les flux, la Turquie doit aussi aligner sa politique de visas sur celle de l’Europe et ne plus accorder d’exemptions de visa aux ressortissants étrangers musulmans.
D’autre part, il est à mon sens indispensable de se doter rapidement, à l’échelle européenne, d’une politique commune de l’asile et de renforcer les contrôles aux frontières Schengen, avec la création d’une police des frontières.
Ce sont des pistes de réponse parmi d’autres : aucune n’est simple, toutes sont techniques. Mais, au-delà des mesures techniques, c’est bien une réponse politique qu’il faut apporter à la crise des migrants.
Or nous sommes très loin d’une Europe politique, les preuves en sont nombreuses. La perspective du Brexit et la manière dont cette « crise » est gérée révèlent à quel point l’Europe manque cruellement de pilotage politique.
Pour la énième fois, le Royaume-Uni se fait le chantre d’une Europe à la carte. Pour la énième fois, Londres demande des dérogations, des dispositions particulières… Et pas n’importe lesquelles !
Il faut le dire, l’Europe sans le Royaume-Uni ne serait plus vraiment l’Europe et nous souhaitons évidemment que les négociations actuelles aboutissent au maintien dans l’Europe de nos amis britanniques.
Néanmoins, le chantage au Brexit est tout simplement inadmissible, …