Monsieur Pellevat, vous avez eu raison de faire observer que nous assistons aujourd’hui à la conjonction de deux phénomènes.
D’une part, des crises sécuritaires et même des guerres, spécialement la guerre en Syrie, provoquent un afflux de réfugiés qui touche d’abord ses voisins – la Turquie compte plus de 2 millions de réfugiés, tandis que la Jordanie et le Liban en comptent chacun 1 million –, puis l’Europe, surtout depuis que les conditions d’accueil dans ces pays se sont dégradées. Des filières d’immigration illégale se sont organisées qui se livrent au trafic de personnes, réalisant, selon FRONTEX et d’autres agences, un chiffre d’affaires gigantesque. Des flux très importants ont ainsi vu le jour, en direction notamment de la Grèce, puis de ce que l’on a appelé la « route des Balkans ».
D’autre part, de nombreux migrants ont afflué vers l’Italie en provenance de la Libye ; ce phénomène a commencé voilà au moins deux ans, bien avant, donc, la crise dont je viens de parler, qui s’est accélérée l’été dernier. De fait, en raison de l’effondrement de l’État libyen, il n’y a plus dans ce pays d’autorité en mesure de contrôler les trafics de personnes. Si certains de ces migrants étaient des réfugiés politiques – je pense en particulier à ceux qui fuyaient la dictature en Érythrée –, nombre d’entre eux étaient des migrants économiques, qui tentaient de passer par la Libye, parce que ce chemin était moins difficile que celui du Maroc, par Ceuta ou Melilla.
Dans ce contexte, nous devons être en mesure de venir en aide aux réfugiés de guerre et à toutes les personnes relevant de la convention de Genève, étant entendu que l’immigration économique, qui est de nature différente, doit emprunter d’autres voies.