Monsieur Abate, dans le dialogue que nous entretenons avec la Turquie, les questions des droits de l’homme, de l’État de droit et du respect des droits des Kurdes ont toujours été abordées et considérées comme tout à fait essentielles. L’importance que nous leur accordons est l’une des raisons pour lesquelles la France est favorable à l’ouverture des chapitres 23 et 24 des négociations d’adhésion, qui portent de façon générale sur les droits de l’homme, l’État de droit, le fonctionnement du système judiciaire et les libertés fondamentales.
Cette ouverture, je le répète, ne préjugerait en rien de l’issue des négociations ; simplement, dès lors que la Turquie et l’Union européenne ont la volonté commune d’intensifier leur relation de partenariat, celle-ci doit porter sur l’ensemble des sujets : la façon dont nous faisons face ensemble aux grandes crises internationales et aux guerres, la question des réfugiés et, évidemment, notre coopération économique, qui est très importante – je vous rappelle qu’une union douanière existe entre l’Union européenne et la Turquie –, mais aussi les valeurs que nous pouvons avoir en commun, lesquelles ne sont en aucune façon un sujet tabou.
En particulier, nous pensons que, dans le sud-est de la Turquie, aujourd’hui dans une situation de quasi-guerre, il est nécessaire que reprenne un dialogue politique avec les Kurdes en vue d’un traitement pacifique des problèmes. Nous condamnons évidemment le terrorisme et le PKK, qui est une organisation terroriste, mais la Turquie doit trouver les voies d’un dialogue avec ses populations kurdes, lesquelles ont élu de façon démocratique des parlementaires qui participent à la vie politique turque, afin de restaurer la paix civile, en particulier dans le sud-est du pays.