Intervention de Jean Bizet

Réunion du 17 février 2016 à 14h30
Débat préalable à la réunion du conseil européen des 18 et 19 février 2016 — Débat interactif et spontané

Photo de Jean BizetJean Bizet, président de la commission des affaires européennes :

Je voudrais saluer la qualité des échanges auxquels vous vous êtes livré sans retenue, monsieur le secrétaire d’État. Mes compliments s’arrêtent là, car j’ai tout de même quelques critiques à formuler, mais moins à votre endroit qu’à celui de du Premier ministre et du ministre de l’agriculture, dans le droit fil des propos qu’ont tenus MM. Chasseing, Gremillet et Requier sur les problématiques agricoles.

Je suis quelque peu surpris, je l’avoue, des conclusions qui ont été tirées après le Conseil européen des ministres de l’agriculture du lundi 15 février dernier. Le ministre de l’agriculture s’est réjoui d’avoir entraîné derrière les thèses de la France douze pays. Or douze États membres sur vingt-huit, cela n’emporte pas une majorité. Comme l’a dit M. Gremillet, il nous faut trouver des alliés ! Or, disons-le, les propos tenus par le Premier ministre outre-Rhin voilà quelques jours à l’adresse de la Chancelière, on fait mieux en matière de retissage des liens franco-allemands…

Depuis quelques années, que ce soit sur les problématiques agricoles ou sur l’ensemble des dossiers européens, le couple franco-allemand ne fonctionne pas bien, voire ne fonctionne pas du tout. Or tant que le couple franco-allemand ne sera pas suffisamment cohérent, nous n’avancerons pas en Europe. Pourquoi ce couple ne fonctionne-t-il pas ? Tout simplement parce que la France ne peut se prévaloir, à l’égard de nos partenaires allemands, d’une vraie crédibilité.

Concernant l’embargo sanitaire, notamment sur les abats et le gras, j’ai eu l’occasion, voilà quelques mois, de rencontrer le directeur des services vétérinaires russes à Moscou. Vous connaissez très bien la position de la Russie : elle est prête à lever son embargo sanitaire à l’égard de quelques pays seulement. Or la Commission européenne veut les vingt-huit ou personne ! Si nous entretenions de bonnes relations avec l’Allemagne, nous aurions davantage de chance de remporter un succès sur ce point précis.

Enfin, comme l’ont évoqué nos deux collègues à l’instant, vous déplorez à juste titre, monsieur le secrétaire d’État, que la France n’ait pas saisi « l’opportunité » de dégager le marché porcin en s’engageant dans la politique d’intervention. Certes, l’Allemagne, elle, s’y était engagée à hauteur de 29 % du tonnage qui était alloué à l’ensemble des vingt-huit États membres, l’Espagne à hauteur de 21 % et la France à hauteur de 2, 6 % seulement. Pourquoi ? Tout simplement parce que, lorsque l’on fabrique – passez-moi l’expression – un porc en France ou en Allemagne, indice 100, hors charges, il ressort à 230 en France, quand il ressort à 180 en Allemagne. Voilà pourquoi la politique d’intervention ne fonctionne pas en France.

Il importe d’engager des réformes structurelles. Je me réjouis de la dernière décision du Premier ministre sur ce point. Nous calculerons ce que représentent les 7 points de baisses de charges. Cela sera-t-il suffisant pour passer de 230 à 180 ? Je crains que non !

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