Dès lors que les auteurs de l’amendement veulent conditionner la solidarité aux possibilités réelles d’accueil, cela revient à exonérer à l’avance de tout effort les départements qui n’y sont pas disposés ; cela me semble particulièrement clair. C’est exactement le contraire de la solidarité. Or certains départements sont confrontés à des situations spécifiques : ils ont absolument besoin de la solidarité nationale et interdépartementale.
J’illustrerai mon propos en citant mon département. Depuis plusieurs années, celui-ci doit faire face à la situation d’urgence humanitaire du camp de Calais. En 2015, ce sont 1 540 jeunes – ce chiffre devrait vous faire réfléchir, mes chers collègues – qui ont dû être hébergés en urgence, mais 85 % d’entre eux ont fait le choix de retourner dans le camp.
Le département du Pas-de-Calais a dû s’adapter à ce public particulier, une population migrante en transit. Une discussion est actuellement en cours avec la préfecture du département et l’association La Vie active pour évoquer la possibilité d’héberger ces jeunes dans le centre d’accueil provisoire du foyer Jules-Ferry.
Au problème d’accompagner des situations d’urgence s’ajoute la question de la prise en charge à long terme des jeunes qui souhaitent rester vivre en France. Ces personnes jeunes et courageuses méritent d’être accompagnées. Le département a d’ailleurs largement investi dans cet accompagnement spécifique, avec le concours de l’association France terre d’asile, en créant un centre d’accueil spécifique à Saint-Omer, qui ne répond d’ailleurs pas à toutes les demandes : 300 jeunes refusent d’aller dans les foyers de l’enfance, qui sont inadaptés à leur situation.
Toutes ces aides ont forcément un coût. C’est pourquoi nous avons besoin à la fois de la solidarité nationale et d’une répartition nationale des mineurs pour pouvoir faire face à cette difficulté. Nous voterons donc contre cet amendement, qui va à l’encontre de la solidarité.