Intervention de Béatrice Angrand

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 2 mars 2016 à 10h00
Table ronde sur l'enseignement des langues

Béatrice Angrand, secrétaire générale de l'Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ) :

Chaque langue a son intérêt mais une forte appétence existe entre la France et l'Allemagne, quelles que soient les classes d'âge, pour découvrir l'autre pays. L'OFAJ soutient près de 9 000 projets par an qui bénéficient à 200 000 jeunes. L'employabilité est l'un des facteurs motivant l'apprentissage de l'allemand, mais l'OFAJ s'inscrit également dans un engagement sociétal et historique. L'accès à la culture de l'autre passe prioritairement par la maîtrise de la langue, qui permet de contribuer au dynamisme du couple politique franco-allemand, moteur de la construction européenne. La coopération franco-allemande n'est pas uniquement transfrontalière : des projets pilotes émergent et inspirent d'autres régions du monde, à l'instar de l'Abibac qui a inspiré le Bachibac franco-espagnol. Sur le modèle de l'OFAJ, six pays des Balkans occidentaux ont créé un office régional d'échange pour la jeunesse. Tous ces éléments plaident en faveur de l'investissement dans les échanges franco-allemands qui supposent, du reste, un certain niveau linguistique.

Il est également nécessaire que la France et l'Allemagne continuent à dialoguer sur un pied d'égalité. S'il est vrai que cette coopération d'égal à égal devient difficile sur le plan économique, la fragilisation de l'enseignement de l'allemand pourrait conduire, par réciprocité, à la réduction des efforts déployés en faveur de l'enseignement du français outre-Rhin, où la politique linguistique et éducative est coordonnée entre seize Länder.

Les sections bilangues avaient en effet contribué à relancer l'apprentissage de l'allemand. La question de l'élitisme peut certes se poser, mais les établissements implantés dans les zones d'éducation prioritaire qui proposaient des sections bilangues avaient fortement gagné en attractivité. Même si la connaissance de l'allemand ne doit pas être une condition pour participer à des échanges et à l'offre de mobilité proposée par l'OFAJ, elle en favorise la réalisation. Sensibiliser des jeunes des quartiers difficiles à l'allemand peut leur donner suffisamment confiance pour effectuer par la suite un stage en Allemagne ou participer aux échanges préparés par leurs enseignants. Bien évidemment, nous aurions souhaité que les sections bilangues soient généralisées. La mobilité est un atout pour l'ensemble des jeunes et surtout pour les plus défavorisés d'entre eux. L'OFAJ apporte son soutien financier aux initiatives en ce sens.

Nous sommes particulièrement attentifs aux disparités de l'offre d'allemand sur le territoire. Il est regrettable de constater le taux de suppression des sections bilangues dans l'académie de Caen, alors que l'on sait les efforts conduits depuis cinquante ans par ce territoire en matière de réconciliation. Cela a été longuement commenté outre-Rhin. La question de l'emploi du temps des enseignants nous paraît également important. Si 65 % d'entre eux organisent des échanges, l'éclatement de leur service entre plusieurs établissements scolaires devrait les rendre moins disponibles pour ce faire ; même si l'OFAJ les assiste dans le montage de projets, ceux-ci n'en demeurent pas moins chronophages.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion