J'interviens à la place de ma collègue Corinne Bouchoux, germaniste confirmée, mais souffrante et parlerai en tant qu'analphabète bilingue. Je n'ai pas d'expertise sur le sujet, mais je me souviens de mon apprentissage de l'allemand comme première langue durant les Trente Glorieuses, avant d'étudier le grec et le latin. Cela impliquait, tout au long de ma scolarité, une privation d'anglais auquel je me suis raccrochée à titre individuel et très tardivement. Écriture gothique en allemand, livre obligatoire et exercices de grammaire imposés pendant l'année 1964... il nous fallait écouter religieusement notre professeur et seuls les échanges scolaires, organisés sans doute grâce à l'OFAJ, nous permirent de nous exprimer en langue allemande. Je vous remercie d'avoir insisté sur la mobilité géographique et les échanges interculturels, la rencontre de l'autre, et la nécessaire diversité de l'accès aux langues que tout apprentissage doit prendre en compte.
Soucieuse des préoccupations syndicales, je ne pense cependant pas qu'on puisse définir une politique en faveur des langues étrangères en fonction d'impératifs de ressources humaines ou de chiffres : on ne va tout de même pas forcer les enfants à apprendre l'allemand contre leur gré ! C'est d'ailleurs là une faiblesse de notre table ronde d'aujourd'hui, car nous aurions voulu entendre les préoccupations des autres professeurs de langue pour obtenir une vision équilibrée.
Je suis atterrée du contraste entre les chiffres présentés par notre collègue Claudine Lepage et ceux de nos intervenants. Les chiffres ne peuvent pas mentir à ce point d'un côté et de l'autre. Il va falloir qu'on se donne les moyens de faire sortir la vérité des chiffres et des cartes, et surtout de l'offre aux élèves.