Intervention de Guy-Dominique Kennel

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 2 mars 2016 à 10h00
Table ronde sur l'enseignement des langues

Photo de Guy-Dominique KennelGuy-Dominique Kennel :

Je ne serai pas à charge pour le Gouvernement actuel, puisque je considère que l'enseignement des langues n'a jamais fonctionné dans notre pays. Dans le Bas-Rhin, département frontalier de la Suisse et de l'Allemagne, nous avons souhaité un renforcement de l'apprentissage de l'allemand. Suite au refus des gouvernements successifs, la région et les deux départements alsaciens ont financé le recrutement et la formation d'enseignants supplémentaires. Nous payons ainsi une centaine de contractuels pour assurer l'enseignement bilingue dès la maternelle et mon département participe à cette démarche à hauteur de 1,5 million d'euros par an.

La baisse du niveau et le manque d'enthousiasme grandissant pour l'apprentissage de la langue allemande avivent les plus grandes inquiétudes. Mon épouse, professeure agrégée d'allemand, enseigne dans un lycée frontalier et ne parvient plus à placer ses élèves dans des entreprises allemandes implantées de l'autre côté de la frontière. Ces dernières refusent de prendre des élèves en raison de l'insuffisance de leurs compétences linguistiques. Une telle situation est d'une extrême gravité alors que de nombreux emplois sont disponibles en Allemagne, où le taux de chômage est inférieur à 5 %.

Par ailleurs, nous avons un mal fou à recruter des locuteurs natifs du fait de la complexité administrative de leur embauche et surtout de la faiblesse des traitements versés aux enseignants en France par rapport à leur niveau outre-Rhin.

Pour la rentrée prochaine et dans le contexte de l'abandon des classes européennes et des sections bilangues, 78 % des parents demandent l'apprentissage de l'anglais comme première langue. Il s'agit là d'un basculement total qui nous inquiète fortement et se solde par un abandon de l'apprentissage de l'allemand sur notre territoire. Malgré tous les efforts poursuivis et l'attractivité revendiquée, la situation de notre région frontalière est inquiétante ; elle se retrouve très certainement dans l'ensemble des régions frontalières, au regard de l'apprentissage de l'espagnol ou de l'italien. Les collectivités territoriales s'interrogent sur l'intérêt de la poursuite de l'investissement qu'elles ont consenti.

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