Intervention de Thomas Gomart

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 8 mars 2016 à 15h21
Russie — Audition de M. Thomas Gomart directeur de l'institut français des relations internationales et M. Camille Grand directeur de la fondation pour la recherche stratégique

Thomas Gomart, directeur de l'Institut français des relations internationales :

La question de l'influence russe réclame un regard historique. La diplomatie tsariste, soviétique puis post-soviétique a toujours entretenu une compréhension fine de notre establishment - Dominique Lieven l'a bien montré dans un ouvrage passionnant sur la campagne de Russie. J'ai consacré ma thèse aux relations franco-soviétiques durant la guerre froide, quand l'une des principales forces politiques françaises, le PCF, était financée par Moscou. Aujourd'hui, la première ou deuxième force politique, suivant les élections, est dans la même situation sans que l'on s'en émeuve. La France n'est pas seule concernée.

Or c'est une activité qui relève clairement de l'ingérence, même si d'autres pays sont très influents à Paris : élargissons notre réflexion à la manière dont notre politique étrangère est influencée. Dans ce domaine, l'ambassade de Russie a démontré un savoir-faire remarquable.

Poutine est-il un rival stratégique ? Il le dit. Il s'inscrit dans l'histoire russe à travers le choix de la « puissance pauvre » reposant sur des dépenses militaires excédant de beaucoup le potentiel économique - un système décrit par Georges Sokoloff, qui a conduit certains, dont le ministre des finances Alexeï Koudrine démissionnaire en septembre 2011, à sonner l'alarme. La dégradation de la situation économique, bien loin de faire céder la Russie, engendre une surenchère. Mais Poutine se place aussi en rupture avec cette histoire : depuis la mort de Hugo Chavez, il est le principal critique de l'Occident au niveau international ; il porte un discours du Sud contestant l'ordre occidental. Or les élites russes avaient toujours été très intégrées à l'ordre européen.

L'Union européenne reste pourtant le principal partenaire commercial de la Russie ; et le peuple russe aspire à un mode de vie européen.

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