Intervention de Manuel Valls

Réunion du 16 mars 2016 à 14h30
Protection de la nation — Question préalable

Manuel Valls, Premier ministre :

Ont ainsi été adoptées en 2012, par mes soins et avec le soutien de l’immense majorité des sénateurs comme des députés, la loi relative à la sécurité et à la lutte antiterroriste, puis, en 2014, avec Bernard Cazeneuve, la loi renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme, parce que nous devons être capables d’évoluer, face, par exemple, à la place qu’internet a prise dans les attaques contre la France et d’autres pays.

Nous avons fait adopter une loi relative au renseignement, pour lequel nous n’avions pas de cadre juridique. Comme la plupart de vos amis, pas plus que les autres de ces lois, vous n’avez voté celle-ci, alors qu’elle garantit, elle aussi, les droits fondamentaux et a, bien sûr, reçu l’aval du Conseil constitutionnel. Sur le seul point qui avait été censuré, une autre loi sur le renseignement, rédigée sur la base d’une proposition de loi, a été adoptée.

Vous avez cité la loi sur la procédure pénale, mais soyez complet : entamé par l’ancienne garde des sceaux, le travail sur ce texte se poursuit aujourd'hui avec Jean-Jacques Urvoas. Adoptée elle aussi par l’Assemblée nationale à une très large majorité, cette loi va venir ici au Sénat. Elle rejoint de nombreuses propositions qui ont été formulées par les sénateurs Philippe Bas et Michel Mercier. C’est en effet dans le consensus ou en tentant de rassembler le plus largement possible qu’il faut avancer au fil des compromis, et ce dans le respect du droit des libertés par le juge, qu’il soit judiciaire ou administratif.

Sur ces questions-là, je pense que nous pouvons cheminer ensemble sans nous accuser mutuellement de mettre en cause la République.

Vous avez raison sur un point : nous devons être très attentifs. Mais, je vous le dis franchement, en rappelant les mots des uns et des autres, c’est à tort, me semble-t-il, que vous renvoyez en permanence la responsabilité de la situation vers l’islam, comme si cette religion en portait la seule responsabilité. Oui, l’islam a une responsabilité importante, celle de marquer le plus clairement et le plus nettement possible la différence entre l’islam, tel qu’il est pratiqué en France par l’immense majorité de nos concitoyens, et celui qui est pratiqué par ceux qui s’en réclament pour commettre ces attentats et ces actes particulièrement odieux.

Moi, je ne présente pas, au nom du Gouvernement, une loi de révision constitutionnelle qui contiendrait des moyens variables en fonction de la religion de tel ou tel. Cette loi, je la défends pour protéger tous les Français, parce que ceux qui ont été attaqués, ceux qui ont été tués à Paris le 13 novembre étaient de toutes les confessions. Ils pratiquaient toutes les religions, ils appartenaient à toutes les générations et ils étaient de toutes les couleurs !

Monsieur Pierre Laurent, je suis aussi républicain que vous ! Je suis aussi attaché que vous à la République, à la démocratie, aux droits fondamentaux de mon pays ! Je suis aussi attaché à la gauche que vous et je suis autant de gauche que vous !

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