Intervention de Claude Malhuret

Réunion du 16 mars 2016 à 14h30
Protection de la nation — Article 1er

Photo de Claude MalhuretClaude Malhuret :

Je ne vais pas perdre de temps à répéter pour la millième fois qu’il n’y a aucun besoin de constitutionnaliser ni l’état d’urgence ni la déchéance de nationalité, puisqu’ils sont déjà validés par le Conseil constitutionnel. La « loi de protection de la Nation », comme on l’appelle, n’apportera aucune protection supplémentaire à personne.

Voilà quatre ans que le Président de la République cherche son Congrès. Le 16 novembre 2015, il a cru trouver le Graal avec cette révision qui présentait un double avantage : le poser en père de la Nation réunie, lui qui n’a fait que diviser depuis quatre ans, jusque dans son propre parti, et détourner le débat des questions qui fâchent, c’est-à-dire celles sur les « ratés » qui ont permis le 7 janvier, puis le 13 novembre.

Or ce sont ces questions qu’il faudrait poser pour pouvoir répondre au terrorisme par des actes, et non par des lois. Depuis 2014, nous avons examiné deux lois contre le terrorisme, deux lois sur le renseignement, puis une révision constitutionnelle aujourd’hui, et nous débattrons dans quelques jours d’une nouvelle loi contre le crime organisé et le terrorisme.

Un proverbe breton dit : « Ce n’est pas avec un tambour qu’on attrape les lièvres » ! Prétendre lutter contre les terroristes par une révision qui ne change rien, c’est comme chercher à attraper les lièvres avec un tambour : c’est de l’incantation !

Parce qu’elle ne changera rien par rapport à l’existant, cette révision est inutile. Parce qu’elle oblige depuis quatre mois le Premier ministre, les ministres de la justice et de l’intérieur et tous leurs services et nous-mêmes, parlementaires, à distraire pour une vaine discussion des centaines d’heures de la tâche qu’attendent les Français, à savoir la lutte contre le terrorisme, elle est nuisible.

Si je plains le Premier ministre, c’est évidemment pour une dernière raison : toutes ces heures passées, toute cette énergie déployée, toute cette salive dépensée risquent de ne pas servir à grand-chose, puisqu’il est de moins en moins probable que ce Congrès ait lieu !

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