Je ne me sens pas capable de juger de vos compétences. Votre parcours vous autorise manifestement à postuler à ce poste. Cependant, c'est un rôle délicat d'un point de vue politique que d'être un expert public du nucléaire. Bien sûr, l'énergie nucléaire est un bien pour la France, compte tenu du coût de l'électricité, de notre volonté de conserver notre indépendance énergétique et de lutter contre les gaz à effet de serre. Cependant, selon l'ASN, la sécurité ne peut pas être garantie à 100 %, et la France n'est pas à l'abri d'un accident. Ce n'est pas tant le matériel qui est en cause que les erreurs humaines, que ce soit aux États-Unis, en Ukraine ou au Japon. Pouvez-vous nous confirmer qu'un risque existe en France ? Dans quelle proportion statistique ? Les Japonais ont beaucoup de difficultés à traiter les conséquences économiques, humaines et techniques de l'accident de Fukushima. Quel est le bilan exact de cet accident ? Quelle est la surface de la zone contaminée, et pendant combien d'années cette zone restera-t-elle contaminée ? Combien a-t-on recensé de décès de personnes contaminées et combien en attend-on ? Un certain nombre de personnes déplacées souhaiteraient revenir, mais ne le peuvent pas. À combien estime-t-on le montant des dégâts économiques ?
On nous disait en France que nous avions les meilleurs réacteurs et les meilleurs opérateurs du monde : tout allait très bien, madame la Marquise. Cependant, après Fukushima, EDF a engagé à votre demande plusieurs milliards de travaux supplémentaires de sûreté. Pourquoi ne les avait-on pas prévus avant ? Cela décrédibilise la vision que nous avions jusque-là de l'énergie nucléaire.
J'ai été rapporteur de la loi de transition énergétique, notamment sur la sûreté nucléaire. Je ne nie pas les progrès qui ont été réalisés sur la transparence en matière d'information. Cependant, le professeur Pellerin a joué un rôle catastrophique pour l'énergie nucléaire en France. En trompant les Français sur l'impact du nuage de Tchernobyl, il a semé le doute dans les esprits. De la même manière au Japon, ni Tepco, ni le gouvernement n'ont osé dire au grand public ce qui se passait vraiment. Ne pas dire la vérité aux gens, c'est catastrophique pour le nucléaire.
Enfin, plusieurs usines nucléaires sont installées dans le sillon rhodanien. S'il faut prévoir une zone de sécurité de trente kilomètres en cas d'accident, le sillon rhodanien sera fermé. Par où passera-t-on pour aller du sud au nord de la France et vice-versa ? À moins de prendre l'avion, on ne pourra plus se déplacer.