Intervention de Jean-Yves Leconte

Réunion du 17 mars 2016 à 15h00
Protection de la nation — Rappel au règlement

Photo de Jean-Yves LeconteJean-Yves Leconte :

Des centaines de Français ont été frappés au cœur et dans leur chair en 2015, et, à travers eux, la Nation tout entière. La menace est toujours présente, toujours aussi lourde.

Or nous sommes réunis, ce soir, pour parler de « protection de la Nation ». Notre responsabilité est donc de nous concentrer sur l’essentiel, non de succomber à une sorte de lâche plaisir consistant à infliger une peine dont nous savons par ailleurs qu’elle nous affaiblira dans la lutte antiterroriste.

Pourquoi nous affaiblira-t-elle ? Depuis le 23 décembre dernier, date de la présentation en conseil des ministres du projet de loi constitutionnelle et de l’annonce de la décision du Président de la République d’y faire figurer l’extension de la déchéance de nationalité aux binationaux nés français reconnus coupables de crime contre la vie de la Nation – l’Assemblée nationale y a ajouté les délits –, nous avons vu des binationaux indistinctement désarçonnés, soupçonnés, inquiétés, stigmatisés : bref, une cohésion nationale fragilisée. Ce n’est pas ainsi que nous pouvons mobiliser le pays !

Nous voyons aussi des partenaires internationaux assez stupéfaits de constater que nous envisageons d’éloigner les terroristes que nous avons engendrés au motif que nous ne voudrions plus de leur présence sur notre sol.

Alors que la menace, elle, est internationale, comment imaginer construire une coopération internationale, en matière de lutte antiterroriste, en commençant par dire que lorsqu’un binational est en cause, il sera envoyé dans un autre pays ? L’urgence est à la coopération ; elle n’est pas de faire du reste du monde notre poubelle !

Si notre pays engendre des criminels, nous devons les traiter nous-mêmes, et en protéger le monde ! Toute autre attitude serait totalement indigne, et nous engagerait, s’agissant de la lutte antiterroriste, sur une fausse route.

C’est pourquoi, s’il s’agit bien, ce soir, de « protection de la Nation », il est important que l’article 2 ne soit pas voté, et que nous en restions à l’article 1er. Là, oui, vraiment, nous œuvrerions à la protection de la Nation !

Le texte sur lequel nous devons aujourd’hui nous prononcer, celui de l’article 2, représente un danger pour notre pays et un handicap pour la lutte antiterroriste. L’adopter serait irresponsable !

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