Intervention de Anne Courèges

Commission des affaires sociales — Réunion du 30 mars 2016 à 9h30
Audition de Mme Anne Courrèges directrice générale et du professeur olivier bastien directeur de la direction prélèvement greffe organes-tissus de l'agence de la biomédecine

Anne Courèges, directrice de l'Agence de la biomédecine :

Cette démarche, assez nouvelle, est pour nous exemplaire et pleine d'enseignements. Il s'est agi de prendre le temps de mener une phase pilote, avec un réseau de cinq établissements, resserré mais représentatif, mêlant la province et Paris, des CHU et des hôpitaux généraux, et de ne mettre en route ce nouveau mode de prélèvement qu'après évaluation. Cette démarche s'est révélée concluante. Vu les enjeux éthiques, elle était essentielle.

Ce programme Maastricht III a des effets vertueux. L'accompagnement des proches s'en est trouvé facilité : la phase agonique est plus longue et les proches ont le temps de se préparer au deuil. On est loin de l'effet de consternation face à une mort encéphalique faisant suite à un accident de la route. Les familles s'approprient le deuil à venir, si bien que la question du prélèvement est plus facile à aborder : les proches cherchent à donner un sens au décès à venir. Autre aspect positif, le Maastricht III est un projet d'établissement. C'est d'ailleurs une condition que nous avions posée. Nous souhaitions que le projet soit porté et par la gouvernance de l'établissement, et par l'ensemble des équipes. Au lancement du projet, une réunion d'établissement est organisée pour discuter des enjeux éthiques et de l'organisation médico-scientifique, pour élaborer le protocole propre à l'établissement. Cela a un effet de décloisonnement. Les gens dont les métiers jusqu'alors se juxtaposaient sont obligés de se parler, d'échanger. Ces retours d'expérience ont parfois conduit à réfléchir à nouveau à la question des LAT. Dans la phase pilote, tout s'est passé dans une très grande sérénité.

Je le répète, cependant, il faut être attentif à éviter les effets d'éviction. Il ne faudrait pas que le Maastricht III prenne le dessus sur les autres sources de prélèvement. C'est une opportunité supplémentaire que l'on offre aux malades en attente de greffe, ce ne doit en aucun cas susciter une concurrence entre les différentes sources de prélèvement. Eu égard au nombre de personnes inscrites en liste d'attente, il faut rester mobilisés sur chaque segment d'activité - la mort encéphalique, le donneur vivant, le Maastricht II.

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