Nous accueillons ce matin M. Jean-Bernard Lévy, président directeur général d'EDF. Pour tout dire, nous étions convenus du principe d'une telle audition il y a quelque temps mais compte tenu des contraintes des uns et des autres, nous n'avons pas pu la fixer avant ce matin, ce qui s'avère finalement une date très opportune au vu des annonces faites la semaine dernière. M. Lévy est accompagné de MM. Xavier Girre, qui a pris la succession de M. Piquemal, démissionnaire, au poste de directeur exécutif groupe en charge de la direction financière et Bertrand Le Thiec, directeur des affaires publiques.
Monsieur le Président, l'entreprise EDF traverse actuellement une zone de turbulences importante et suscite un certain nombre d'inquiétudes. Dans un contexte marqué par la chute des prix de marché de l'électricité sous l'effet de l'injection croissante des énergies renouvelables, EDF est en effet confrontée à une équation financière particulièrement difficile puisque l'entreprise doit dans le même temps faire face à des investissements massifs : rachat d'Areva NP, construction des EPR anglais, financement du « grand carénage » - c'est-à-dire la prolongation de la durée de vie des centrales actuelles -, investissements dans les énergies renouvelables, etc.
Lors du conseil d'administration de vendredi dernier, ont été annoncées plusieurs mesures pour rétablir la trajectoire financière du groupe, que vous aurez certainement l'occasion de nous détailler : soutien de l'État par sa participation à l'augmentation de capital annoncée et par le versement du dividende en actions pour les deux prochaines années, baisse des investissements, économies supplémentaires et cessions d'actifs.
Il reste que certains projets d'EDF sont aujourd'hui contestés, à commencer par la construction des deux EPR d'Hinkley Point. Sur ce point, monsieur le Président, je souhaiterais que vous répondiez aux questions suivantes : est-il exact que le « contrat pour différence » conclu avec le Gouvernement britannique garantit le prix de vente de l'électricité mais pas les volumes ? Quel est le partage des risques entre EDF et son partenaire chinois CGN, avec lequel EDF a construit plusieurs réacteurs en Chine ? Maintenez-vous vos objectifs en termes de délais de construction et de taux de disponibilité ?
J'aurais bien d'autres questions à vous poser, qu'il s'agisse du rachat d'Areva NP, de la fermeture de Fessenheim ou encore de la réduction de la part du nucléaire telle qu'elle est prévue par la loi mais dont nous attendons encore qu'elle soit précisée par la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), mais je ne doute pas que mes collègues ne manqueront pas de vous les poser et vous cède sans plus attendre la parole.