Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, la vente annoncée de la raffinerie LyondellBasell de Berre-l’Étang a fait l’effet d’une bombe. Le groupe LyondellBasell Industries, ou LBI, l’avait en effet achetée voilà trois ans à peine.
Je voudrais, monsieur le secrétaire d’État, attirer votre attention sur cette annonce et, à travers elle, sur l’avenir du site pétrochimique tout entier.
Cette annonce a été reçue avec beaucoup d’émotion, d’inquiétude et même de colère par tous les salariés de la raffinerie, mais également de l’ensemble du site, et ce d’autant que, depuis l’achat de la raffinerie à la société Shell, ils ont vécu un véritable cauchemar économique et social, LyondellBasell n’ayant jamais réussi à gagner totalement leur confiance du fait de l’absence de véritables perspectives d’avenir pour le site.
Certes, le raffinage européen souffre, mais les arguments développés par le groupe pour vendre ne tiennent pas. On sait que cette activité restera rentable dans le futur, comme l’a d’ailleurs montré l’AFII, l’Agence française pour les investissements internationaux, selon laquelle l’équilibre serait atteint dès 2012, une progression importante et constante permettant ensuite d’obtenir une rentabilité de 6 dollars à partir de 2015. En outre, cette raffinerie alimente un vapocraqueur performant et, au-delà, tout l’aval de la chimie qui, lui, est parfaitement rentable. Il est donc clair que la décision de LBI est le fruit d’une stratégie financière et non plus industrielle, l’entreprise étant entrée en bourse récemment.
Peut-on rester inerte devant cette évolution ? Ce sont des pans entiers de notre industrie qui vont disparaître et, avec eux, des milliers d’emplois : la fermeture de la raffinerie représenterait la perte de 350 emplois directs, auxquels il conviendrait d’ajouter les emplois induits et indirects, et pourrait se traduire par la disparition de 1 250 emplois directs et près de 6 000 emplois induits par un « effet domino » sur le reste du site. Ce dernier pourrait alors ne plus être viable, ce qui mettrait en péril l’activité économique de notre région.
Monsieur le secrétaire d’État, cette annonce a un impact politique évident, qui dépasse largement la sphère privée. Son incidence est forte au niveau local, certes, mais aussi à l’échelon national, qu’il s’agisse de notre politique énergétique ou de la maîtrise de nos infrastructures pétrolières.
Le projet de LBI pour sa raffinerie a une résonnance nationale évidente. En outre, les motifs comme la logique industrielle qui sous-entendent cette annonce apparaissent difficilement justifiés et pour le moins incompréhensibles. Rappelons que cette activité acquise par LyondellBasell s’inscrivait dans une perspective d’investissement à long terme et dans une logique de pleine intégration avec les activités chimiques du site…
Nous sommes loin, désormais, de ces engagements qui avaient fait naître de grands espoirs. Au contraire, la crainte est forte, au regard de la situation actuelle, qui semble s’inscrire dans la poursuite de la désindustrialisation à laquelle nous assistons depuis longtemps. Et ce ne sont pas l’introduction des condensats dans le process du vapocraqueur, au détriment, peut-être, des produits issus du raffinage, et la reprise de l’idée du Oil Tanking par la chambre de commerce et d’industrie de Marseille – il conviendrait, monsieur le secrétaire d’État, de l’interdire définitivement –, qui aboutirait à la fermeture d’une raffinerie, au moins, sur le pourtour de l’étang de Berre, qui seraient de nature à dissiper l’inquiétude des salariés et des collectivités territoriales !
À la lumière des premières conclusions de la table ronde sur le raffinage, assez pessimistes malgré quelques pistes intéressantes, je vous demande, monsieur le secrétaire d’État – tout en vous remerciant d’avoir permis à l’intersyndicale du site d’être reçue par les services de l’État, qui se sont montrés à l’écoute et mobilisés, comme l’est localement le P-DG – quelles actions concrètes l’État envisage de mettre en œuvre pour assurer la pleine exécution par LBI de ses obligations et de ses responsabilités, notamment à l’égard des salariés, afin d’assurer un avenir pérenne à ce site industriel stratégique pour notre pays.
Je vous demande enfin, monsieur le secrétaire d’État, d’être vigilant et de suivre avec attention cette vente, afin qu’elle puisse répondre à la double nécessité d’un véritable projet industriel et de la prise en compte du facteur humain, qui est primordial à mes yeux.