Intervention de Corinne Bouchoux

Réunion du 4 mai 2016 à 14h45
Femmes et mineur-e-s victimes de la traite des êtres humains — Débat organisé à la demande de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Photo de Corinne BouchouxCorinne Bouchoux :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je commencerai par ma conclusion, l’ensemble des interventions précédentes ayant merveilleusement résumé le rapport de la délégation aux droits des femmes sur ce sujet crucial.

Comme l’a dit ici même la baronne Elizabeth Butler-Soss, membre de la Fondation britannique pour la lutte contre la traite des êtres humains, il faut s’être attaqué à la lutte contre la pédophilie pour être entendu sur la traite. Madame la ministre, lors d’un récent débat télévisé, vous avez encore réaffirmé toute l’attention que vous portez à ce sujet, mais je voudrais insister sur le point suivant : si, en France, nous ne menons pas le travail qu’ont fait nos amis britanniques en matière de mise en lumière de la pédophilie, que ce soit dans les églises, les lieux de socialisation collective ou l’éducation nationale, nous ne progresserons pas en matière de lutte contre la traite des êtres humains, phénomène qui repose également sur des abus à l’encontre de personnes en situation de vulnérabilité.

Notre rapport témoigne d’un certain nombre d’avancées réelles dans le domaine de la lutte contre la traite, tout en soulignant les progrès qui doivent encore être réalisés pour prendre toute la mesure de la question.

La formation initiale et continue des acteurs de cette lutte, qu’il s’agisse des policiers, des magistrats, des travailleurs sociaux ou des associations, a particulièrement retenu notre attention. Sans un travail renforcé de formation initiale et continue, nous n’avancerons pas.

La formation initiale est fondamentale, parce qu’elle permet d’étudier les mécanismes actuels de la traite, qui sont extrêmement changeants et complexes, car liés à la géopolitique.

Une fois formés, ces professionnels auront également besoin d’une formation continue, notamment pour pouvoir échanger entre eux. Ils devront également être mieux informés des évolutions législatives et juridiques, ainsi que des recours possibles.

L’afflux de personnes migrantes en Europe peut susciter de nouveaux types de traite, à plus grande échelle, multiformes, extrêmement complexes, dans un contexte, hélas ! de montée des xénophobies. Se pose ainsi à nous un véritable défi : il s’agit de lutter contre la traite sans susciter de sentiments de racisme et de xénophobie.

Les moyens matériels nécessaires doivent être mis en place. Je suis désolée d’avoir à le dire, madame la ministre, il ne s’agit pas seulement de moyens humains ou en matière de formation, mais aussi de moyens financiers. Nous comptons vraiment sur vous pour défendre ce dossier.

Une prise de conscience est nécessaire dans notre pays. Ainsi, outre la formation des professionnels et des associations, la sensibilisation du grand public doit être accentuée. Nous pensons par exemple que la prévention de la traite des êtres humains devrait être abordée en milieu scolaire, les jeunes pouvant être amenés à côtoyer des enfants ou des familles en situation de vulnérabilité.

Enfin, j’aimerais attirer votre attention sur le fait que la traite des êtres humains se pratique aussi tout près d’ici, à moins d’un kilomètre du Sénat. À cet égard, je tiens à apporter le plein soutien d’un certain nombre de collègues de mon groupe à la lutte contre la prostitution, dont vous avez fait, madame la ministre, une priorité. Si on ne lutte pas contre la prostitution, on ne pourra pas lutter efficacement contre la traite des êtres humains : tout cela forme système. Si l’on ne mène pas une politique volontariste, systémique aux plans national et international, on n’en sortira pas !

Madame la ministre, vous l’aurez compris, la délégation aux droits des femmes compte énormément sur vous !

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