Intervention de Marc Laménie

Réunion du 4 mai 2016 à 14h45
Femmes et mineur-e-s victimes de la traite des êtres humains — Débat organisé à la demande de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Photo de Marc LaménieMarc Laménie :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je souhaite avant tout remercier vivement les membres de la délégation aux droits des femmes, en particulier sa présidente et ses rapporteurs, pour l’immense travail effectué sur un sujet particulièrement complexe et douloureux, une synthèse du rapport ayant même été traduite en anglais.

Beaucoup de choses ont déjà été dites par les collègues qui m’ont précédé à la tribune ; je me contenterai donc de revenir sur les quelques points qui me semblent les plus importants.

Les femmes et les mineurs sont les premières victimes de la traite des êtres humains, qu’on appelait il y a fort longtemps la « traite des blanches ».

Les chiffres des Nations unies sont édifiants et inquiétants ; ils nous interpellent et doivent nous amener à nous remettre en question, afin de tenter de trouver des solutions.

Le chiffre d’affaires mondial du trafic d’êtres humains, qui est lié à la criminalité internationale, est estimé à plusieurs milliards de dollars. Force est de constater que la traite des êtres humains prend plusieurs formes : il peut s’agir d’exploitation par le travail, de prostitution, mais aussi de prélèvement illégal d’organes.

Il y a encore quelques jours, nous apprenions la sinistre découverte, en Inde, d’une « usine » à bébés. Mais il n’est pas besoin d’aller aussi loin : en 2010, au Kosovo et en Moldavie, la mission européenne EULEX, avait mis au jour un trafic d’êtres humains et d’organes.

Les collègues qui se sont exprimés avant moi ont très bien exposé les enjeux et les difficultés rencontrées par les États pour lutter, au plus haut niveau, contre la traite des êtres humains. Le combat contre cet esclavage moderne mérite de faire l’objet d’une très forte mobilisation et surtout d’une véritable coopération entre tous les États.

Concernant la prostitution, par exemple, nul ne peut ignorer le rôle joué par les mafias qui sévissent en Albanie, mais dont les ramifications dépassent les frontières de cet État et se prolongent en Hongrie ou au Kosovo. En la matière, la coopération policière et judiciaire européenne est primordiale.

Il ne faut d’ailleurs pas minorer le rôle d’internet : si la lutte contre la cyberprostitution pose des difficultés juridiques et techniques, l’exploitation des femmes concernées n’est pas virtuelle.

Enfin, il est impossible d’aborder ce sujet, aujourd’hui, sans évoquer le trafic illicite de migrants. Les passeurs s’organisent de mieux en mieux, à mesure notamment que les États rencontrent des problèmes de gouvernance.

Je pense à cet instant aux jeunes filles enlevées par Boko Haram – peu d’entre elles ont retrouvé leur foyer –, ainsi qu’aux femmes yézidis enlevées et torturées par Daech. Je veux dire ici combien nous devons nous mobiliser contre ces crimes, et contre toutes les formes de barbarie que les femmes esclaves de Daech subissent.

Certes, il s’agit d’un combat de longue haleine ; quoi qu’il en soit, madame la ministre, il faut y consacrer tous les moyens nécessaires, financiers et humains. Une première étape a été franchie, incontestablement, avec la création, en 2013, de la MIPROF, la mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains. Ce problème concerne en effet les administrations de la santé, de l’intérieur, des affaires sociales, de la justice, de l’éducation nationale, les collectivités territoriales, les associations, les bénévoles, les professionnels de santé et, au-delà, l’ensemble de la population. La mobilisation de tous les acteurs est nécessaire.

Certes, la tâche reste immense, mais il ne faut surtout pas baisser les bras. Ce combat passe par l’affirmation sans relâche de l’égalité entre les hommes et les femmes.

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