Intervention de Jean-François Husson

Réunion du 4 mai 2016 à 14h45
Rôle et action des collectivités territoriales dans la politique du tourisme — Débat organisé à la demande du groupe du rdse

Photo de Jean-François HussonJean-François Husson :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je voudrais à mon tour souligner combien le tourisme représente un enjeu important des politiques et des dynamiques de développement local, en termes d’attractivité, d’aménagement des territoires et de richesse économique.

Si le tourisme est indéniablement un facteur de dynamisme, il est aussi source de difficultés dans la mesure où le partage des compétences en la matière est insatisfaisant pour nos collectivités.

La loi MAPTAM et la loi NOTRe ont maintenu le partage de la compétence « tourisme » entre l’État et les différents échelons de collectivités : l’État conduit la stratégie nationale de promotion touristique, ce qui est compréhensible ; la région définit les objectifs régionaux et coordonne les initiatives ; le département garde la main sur les agences départementales du tourisme, les plans des itinéraires de promenade et de randonnée, et élabore les schémas d’aménagement touristique départementaux, qui doivent s’intégrer dans les dispositifs de la région ; quant à la commune ou à l’intercommunalité, elles gèrent et promeuvent le tourisme, chacune à son échelle.

On perçoit la complexité du dispositif : le choc de simplification, évoqué il y a quelques instants par Michel Bouvard, n’a pas encore pleinement produit ses effets… Je crois pourtant nécessaire que l’État revoie le dispositif et y apporte des aménagements.

Les textes législatifs sont parfois sources de conflits au sein des intercommunalités : les offices de tourisme restent de la responsabilité de la commune s’ils ont été mis en place antérieurement à l’adoption de la loi.

Il faut revoir la situation pour permettre aux intercommunalités d’agir en lien avec les communes : certaines stations balnéaires ou de montagne ont une attractivité touristique de premier plan.

L’action des collectivités locales ne peut se penser que si elle est au cœur des dispositifs. Malheureusement, la multitude des acteurs, privés ou publics, rend relativement difficile l’appréhension des choses.

Dans mon département, la Meurthe-et-Moselle, on exerce des métiers d’art, avec la porcelaine à Lunéville, les émaux à Longwy, les arts verriers autour de l’école de Nancy, à Baccarat et le Centre européen de recherche et de formation aux arts verriers de Vannes-le-Châtel, où était fabriqué le cristal de Sèvres. À cela s’ajoute le patrimoine bâti, qui relève tantôt d’une commune, tantôt d’une intercommunalité, tantôt du département, tantôt de la région. Par exemple, le château de Lunéville, qui relevait de la commune, est aujourd’hui sous la responsabilité du département et dépendra peut-être demain d’un syndicat mixte, lié à un pôle métropolitain…

On voit que la coordination est difficile. Pourtant, l’ensemble des acteurs demandent, comme l’État, une professionnalisation du dispositif, eu égard à l’importance économique du tourisme. Il faut le rappeler, entre 2000 et 2010, le nombre d’emplois salariés dans ce secteur a crû de 15 %. Cette progression continue depuis, même si nous ne disposons pas encore de chiffres.

Le Gouvernement a donc raison de s’intéresser de près à la question. Il faut mettre l’ingénierie au service d’un travail collectif. À cette fin, nous disposons des agences départementales, mais l’État intervient aussi, au travers du dispositif Atout France. Je vous invite, monsieur le ministre, à travailler également avec les agences de développement économique, car le tourisme est à la fois un facteur d’attractivité, avec ses métiers spécifiques, et un levier de croissance économique exceptionnel.

Enfin, au-delà des chiffres, le tourisme est une activité d’une richesse exceptionnelle : il est sous-tendu non seulement par une envie de découvrir et d’apprendre, mais aussi par une envie de vendre son territoire, de redonner de la fierté à ses habitants, de travailler sur une identité valorisée à son plus haut niveau.

Le tourisme est un levier de croissance. Il nourrit le sentiment d’appartenance à la Nation, …

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