Intervention de Jacques Mézard

Réunion du 25 mai 2016 à 14h30
Lutte contre le crime organisé et le terrorisme — Adoption des conclusions modifiées d'une commission mixte paritaire

Photo de Jacques MézardJacques Mézard :

Ce texte nous paraît être une coproduction des deux groupes dominants du Parlement. Certes, il est plus facile de critiquer que de construire. Il n’en reste pas moins qu’un tel consensus n’est pas à nos yeux un signe d’unité républicaine. Il nous semble plutôt être un message « pré-présidentielle » de ces deux groupes dominants à l’opinion publique !

Ce texte vise à pérenniser dans la loi ordinaire l’état d’urgence. Je ne reviendrai pas sur ce que j’ai déjà dit sur l’inutilité totale d’inscrire l’état d’urgence dans la Constitution et sur la question de la déchéance de nationalité. Un choix a été fait ; nous l’avons d’ailleurs voté dans l’émotion et dans un souci de rassemblement.

D’autres pays, confrontés au même problème, ont fait des choix différents et ne s’en portent pas plus mal en ce qui concerne la sécurité. Notre pays est même aujourd'hui, je pense, le seul en Europe à s’être doté d’une telle accumulation de textes, comme si c’était le moyen de préserver la sécurité de nos concitoyens. Ce n’est pas raisonnable !

Qu’il n’y ait pas de confusion. Nous avons, en ce qui nous concerne, toujours défendu à la fois le respect des libertés individuelles – c’est la tradition fondamentale de notre groupe depuis 1892 au sein de la Haute Assemblée –, mais aussi la sécurité de nos concitoyens et la nécessité de faciliter le travail de nos forces de sécurité mises à rude épreuve aujourd'hui, d’autant que viennent s’ajouter les événements de la place de la République, sans oublier ceux de Rennes et de tant d’autres lieux, qui donnent un bien mauvais exemple.

Quelle curieuse image donnons-nous à l’étranger avec cette cohabitation entre l’état d’urgence, qui éloigne de nous tant de touristes, et les incidents qui ont lieu sur les places de nos villes la nuit !

Monsieur le ministre, vous le savez parce que vous êtes un grand professionnel : on ne règle pas les problèmes de fonctionnement de la justice, de sécurité et de liberté en accumulant les textes législatifs sécuritaires. Nous l’avons vous et moi suffisamment reproché sous le quinquennat Sarkozy. Je ne vous ferai pas l’affront, car il est difficile de gouverner, de vous rappeler certains de vos propos de l’époque…

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