Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, le débat d’aujourd’hui vient couronner les travaux de notre collègue Michel Magras, qui a été chargé, en septembre 2010, d’élaborer un rapport d’information sur le tourisme et l’environnement outre-mer.
Je me félicite que les analyses de M. Magras convergent totalement avec celles de la mission sur la situation des départements d’outre-mer, que j’ai eu l’honneur de présider et qui a terminé ses travaux en juillet 2009. C’est à mon sens plutôt rassurant !
Le constat est le même : le secteur du tourisme traverse une grave crise dans les départements d’outre-mer, en particulier aux Antilles, où la situation s’est encore aggravée depuis les mouvements sociaux de février 2009.
L’industrie hôtelière dans son ensemble est en grand danger. De nombreux hôtels ont déjà fermé et l’hôtellerie haut de gamme n’existe quasiment plus.
Les problématiques soulevées et les causes identifiées du déclin touristique dans les deux îles de la Guadeloupe et de la Martinique sont reprises et complétées dans le rapport.
Je tiens à souligner le travail approfondi qui a été effectué et à déclarer ici que je souscris pleinement aux onze recommandations formulées au terme de cette analyse.
Certaines d’entre elles font, notamment, échos à deux points que je trouve essentiels : l’urgence de l’élaboration par les acteurs locaux d’un véritable projet de développement – à l’heure où je vous parle, ce dernier est quasiment achevé à la Martinique – et la définition de l’environnement comme élément clef de l’attractivité de ces territoires en matière de tourisme.
J’ajouterai toutefois un point supplémentaire : il faudrait, dans le cadre d’une coopération intelligente avec les autres pays de la Caraïbe, développer ce que j’appellerai un tourisme de subsidiarité. Les Antilles françaises pourraient proposer une offre complémentaire sur les segments qui leur sont propres.
Il n’en demeure pas moins que, depuis plus de dix ans, de nombreux rapports et études ont alerté les autorités sur la situation préoccupante du secteur touristique en outre-mer et formulé un certain nombre de propositions. Certaines d’entre elles ont été partiellement reprises au cours du temps, mais aucun plan spécifique et d’envergure n’a, jusqu’à présent, été adopté par le Gouvernement en faveur de ce secteur. La situation du tourisme a continué à se dégrader inexorablement !
Toutefois, le présent rapport arrive dans un contexte que je crois bien différent, en particulier pour la Martinique. Il y a, me semble-t-il, une certaine prise de conscience de la part du Gouvernement, et les changements en cours, sur les plans tant institutionnel que politique, permettent d’envisager un nouvel engagement des autorités locales.
Le président du conseil régional de la Martinique a ainsi nommé une professionnelle à la tête du comité martiniquais du tourisme. Depuis lors, ce dernier s’est fixé des objectifs stratégiques de développement touristique : changer l’image de la destination Martinique, accroître la fréquentation sur l’ensemble des segments – tourisme d’affaires, culturel, patrimonial, balnéaire, vert et de croisière –, augmenter la dépense moyenne du touriste.
La région souhaite faire de ce secteur d’activité l’un des piliers du développement économique, social, culturel et humain de la Martinique.
Je crois qu’une politique unique de développement du tourisme regroupant tous les acteurs et les différents niveaux de collectivités est aujourd’hui possible. Cependant, je l’affirme une nouvelle fois, une forte implication de l’État est nécessaire à la mise en œuvre d’un plan rigoureux de soutien financier et de relance du secteur.
Certes, le Président de la République a fait la promotion du tourisme lors de la table ronde de janvier dernier à la Martinique. Il a ainsi affirmé : « L’État va vous aider et vous accompagner ». Néanmoins, nous ne nous contenterons pas de simples déclarations d’intention !
Pour conclure et pour approfondir certains aspects, permettez-moi, madame la ministre, de vous poser quatre questions.
Premièrement, les banques ne soutiennent pas le tourisme, qui ne peut ainsi bénéficier d’aucun prêt à moyen ou long terme. Les médiations ne donnent aucun résultat. Que comptez-vous faire pour permettre de développer le financement nécessaire à ce secteur ?
Deuxièmement, en ce qui concerne les tarifs aériens, envisagez-vous d’apporter une meilleure transparence sur le prix des billets, notamment en matière de surcharge de carburant ?
Troisièmement, pensez-vous participer financièrement aux prochaines campagnes promotionnelles, notamment les campagnes télévisuelles, qui nous sont chères ?
Quatrièmement, que comptez-vous faire pour adapter les normes communautaires aux réalités locales en matière de classement hôtelier ?
J’aurais encore bien d’autres questions à vous poser, vous vous en doutez, madame la ministre, mais mon temps de parole étant limité, je m’arrêterai là.
J’ajoute, ne voulant voir que les aspects positifs de ce dossier, que la reprise de l’activité touristique est en bonne voie. Elle ne pourra se poursuivre que si l’ensemble des acteurs concernés, et le Gouvernement au premier chef, jouent le jeu.