Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, depuis quelques années, le tourisme est assez largement reconnu par l’opinion martiniquaise – c’est particulièrement vrai aujourd'hui – comme l’un des secteurs clefs sur lequel doit reposer le développement de la Martinique.
Cependant, malgré les efforts financiers incontestables consentis par les acteurs locaux publics et privés et la mise en place, en 2004, du Comité martiniquais du tourisme, le tourisme martiniquais traverse, depuis la fin des années quatre-vingt-dix, une très grave crise, que les événements sociaux de 2009 n’ont évidemment fait qu’accentuer. La situation est d’autant plus préoccupante que les différentes mesures prises après février 2009 n’ont manifestement pas produit les effets escomptés.
Le débat qui se déroule aujourd’hui est donc, pour nous, l’occasion de nous interroger sur la pertinence de ces mesures qui, eu égard aux effets d’annonce, avaient fait naître beaucoup d’espoirs, mais suscitent désormais autant de déceptions.
En fait, l’efficacité de ces mesures a été compromise, pour une bonne part, par les retards importants mis à les appliquer. Elle a parfois pâti de leur inadaptation, et, le plus souvent, de la complexité des procédures liées à leur mise en œuvre.
Ainsi, 80 % à 90 % des établissements hôteliers connaissent toujours de très graves difficultés financières mais ne parviennent pas à bénéficier de l’aide à la rénovation hôtelière, qui subordonne l’octroi de l’aide au fait que l’exploitant soit à jour de l’ensemble de ses dettes sociales et fiscales.
À l’évidence, il est indispensable d’assouplir les procédures et d’allonger les délais permettant aux hôteliers et aux restaurateurs en grande difficulté de bénéficier du dispositif d’apurement des dettes fiscales et sociales. Il s’agit non pas de pérenniser un tel dispositif, mais de l’utiliser ponctuellement comme le moyen de promouvoir le lancement d’un nombre significatif d’opérations de rénovation, afin de sauvegarder l’existant, car il faut déjà commencer par là.
Par ailleurs, il me semble nécessaire d’envisager la mise en œuvre de deux dispositions supplémentaires.
Je pense, d’une part, au rétablissement, pour le secteur du tourisme, du dispositif emploi-solidarité que j’avais fait introduire dans la loi d’orientation pour l’outre-mer, qui favoriserait l’arrivée de jeunes professionnels ayant pu bénéficier d’une formation moderne et poussée, et, d’autre part, à la suppression temporaire, d’une durée de deux ou trois ans, du plafond de l’aide publique fixé actuellement à 60 %. Il s’agit d’une dérogation à négocier avec l’Europe, afin de traiter avec une efficacité suffisante des situations qui justifient un soutien particulier.
Cependant, j’ai la conviction que, au-delà des mesures que je viens d’évoquer, le débat d’aujourd’hui doit être surtout l’occasion d’affirmer la nécessité d’engager une véritable révolution culturelle dans la manière de concevoir le tourisme aux Antilles.