Intervention de Robert Laufoaulu

Réunion du 28 juin 2011 à 14h30
Tourisme et environnement outre-mer — Suite d'un débat organisé à la demande de la commission de l'économie

Photo de Robert LaufoauluRobert Laufoaulu :

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, le tourisme et l’environnement sont aujourd’hui de plus en plus liés, comme le souligne, dans son rapport, notre collègue Michel Magras, que je salue et que je remercie pour son travail. Je félicite également la commission de l'économie, du développement durable et de l'aménagement du territoire et, tout particulièrement, son président, Jean-Paul Emorine, d’avoir pris l’initiative d’engager ce débat, en l’axant sur l’outre-mer dans son ensemble.

La gestion du domaine du tourisme dans nos collectivités ultra-marines doit s’enraciner dans la réalité de la sauvegarde de notre environnement. Les écosystèmes naturels des outre-mer font partie des « points chauds » de la biodiversité et sont considérés comme les zones les plus riches, mais aussi les plus menacées de la planète.

À cet égard, je citerai deux chiffres pour illustrer la richesse de la biodiversité ultramarine : plus de 98 % des espèces endémiques de vertébrés et 96 % des espèces endémiques de plantes vasculaires de France sont concentrées dans les outre-mer.

Nos lagons et nos récifs coralliens sont aussi des atouts essentiels dans le développement du tourisme.

Permettez, madame la présidente, au représentant du Sénat au Comité national de l’initiative française pour les récifs coralliens, l’IFRECOR, qui a été créé en 1999, d’insister quelque peu sur ce secteur important et sur les atouts qu’il représente.

Notre pays a pris conscience de sa lourde responsabilité dans ce domaine car, grâce à ses outre-mer, la France est le seul État au monde à disposer de récifs coralliens dans les différents océans de la planète. Elle accueille, à elle seule, 10 % des récifs coralliens recensés dans le monde, et leur préservation est essentielle non seulement pour la protection de la biodiversité, mais aussi pour le développement socio-économique des territoires d’outre-mer.

Pour souligner l’importance de ce domaine, je rappelle que, dans le monde, les revenus annuels du tourisme dans les milieux coralliens sont estimés à environ 10 milliards de dollars américains.

Beaucoup de choses sont réalisées pour améliorer l’exploitation de nos lagons et récifs coralliens, mais je tiens à citer l’exemple de l’île de Bonaire, dans les Antilles néerlandaises, que j’ai eu la chance de visiter, et qui a créé, en 1979, un parc marin dont la mission est de favoriser un tourisme contribuant à la préservation du milieu naturel. Des gardes y font respecter l’interdiction de ramassage des coraux, de la chasse sous-marine au harpon et de la pêche commerciale. L’entrée y est payante depuis 1992 pour parvenir à l’autofinancement. Le parc marin de Bonaire a été l’une des premières zones de ce type à atteindre cet objectif ; il ne dépend pas de l’argent provenant de fondations ou issu de la collecte des impôts. Ce sont près de 30 000 personnes qui le visitent chaque année.

Cette gestion rationnelle et durable d’un territoire marin protégé comme celui de Bonaire n’est malheureusement pas étendue à l’ensemble des 660 zones marines protégées recensées dans le monde et possédant des récifs coralliens, car beaucoup de ces dernières n’existent, en fait, que sur le papier, et sont très souvent mal gérées faute de moyens.

Le travail réalisé par l’IFRECOR a notamment permis d’évaluer économiquement l’apport des récifs coralliens aux différentes collectivités d’outre-mer, par la protection du trait de côte ou comme source de revenus, notamment dans les domaines du tourisme et de la pêche. Il a aussi permis de chiffrer les conséquences financières de la dégradation des récifs. La disparition des barrières de corail et des lagons qu’elle protège ne constitue pas seulement une perte de biodiversité : elle peut également entraîner celle de régions entières, qui ne sont plus protégées contre la mer.

Je souhaite que l’IFRECOR puisse poursuivre son travail si utile pour la protection et la gestion des récifs coralliens et, par conséquent, pour le développement d’un tourisme durable. Je sais, madame la ministre, que vous suivez très attentivement ses travaux et que vous avez approuvé son plan de travail pour la période 2011-2015, dont l’objectif premier est le maintien du bon état écologique des écosystèmes littoraux – par la création d’aires marines protégées, le renforcement des politiques d’assainissement et de lutte contre les pollutions, la gestion du trait de côte –, et dont un autre objectif principal est la poursuite de la collecte et la mise à disposition des données sur la biodiversité récifale de l’outre-mer.

Pour conclure, je veux rapidement évoquer la situation de mon territoire, où l’activité touristique demeure embryonnaire.

L’isolement et l’enclavement de Wallis-et-Futuna rendent difficile le développement du tourisme. Un projet de desserte Wallis-Fidji est en cours de réflexion. Je souhaiterais, madame la ministre, que le Gouvernement s’implique fortement dans ce projet qui pourrait étendre aux îles de Wallis et Futuna le marché touristique de Fidji, qui reçoit aujourd'hui plus de 600 000 visiteurs ; Wallis-et-Futuna pourrait ainsi capter quelques dizaines de ses touristes, notamment américains.

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