Intervention de François Herman

Délégation sénatoriale à l'Outre-mer — Réunion du 12 mai 2016 : 1ère réunion
Problématique des normes sanitaires et phytosanitaires applicables à l'agriculture dans les outre-mer — Audition du réseau d'innovation et de transfert agricole rita et d'associations de producteurs de guadeloupe

François Herman, représentant du syndicat des producteurs aquacoles de Guadeloupe (SYPAGUA) :

La gestion du chlordécone par l'État est calamiteuse. Les aquaculteurs ont été les premiers impactés. La seule solution proposée par l'État était de fermer leur exploitation avec pour dédommagement un chèque de 7 000 euros. Des recherches ont permis de découvrir que les organismes aquatiques sont extrêmement sensibles au chlordécone, une quantité infinitésimale dissoute suffisant à contaminer un produit. Ainsi, les sites impactés par le chlordécone ne sont pas exploitables. Cependant, des solutions alternatives existent, notamment l'exploitation hors-sol en utilisant l'eau de pluie ou de source non contaminée. Des propositions ont été formulées, notamment avec le RITA pour la mise en place d'un prototype démonstrateur d'aquaphonie mais nous n'avons jamais trouvé les financements. La reconversion des aquaculteurs doit être financée aujourd'hui sur fonds propres.

Pour la pêche, la situation n'est pas plus favorable. 200 pêcheurs sont aujourd'hui impactés par le chlordécone. Depuis plusieurs années, des solutions de reconversion leur sont proposées mais les discussions entre l'État et les pêcheurs sont toujours en cours. Nous espérons que des pêcheurs arrivés à quelques années de la retraite ne se retrouvent pas démunis. Les pêcheurs n'ayant plus le droit de pêcher sur la zone contaminée pêcheront ailleurs, ce qui intensifiera l'effort de pêche sur d'autres zones, créant ainsi des victimes collatérales par une concurrence accrue.

Si des fonds publics sont consacrés à la recherche en la matière, la solidarité doit aussi jouer en faveur des aquaculteurs et des pêcheurs.

La valorisation des zones contaminées est possible mais entravée par les difficultés d'accès au foncier. Comme solution alternative, les pêcheurs pourraient également se tourner vers l'aquaculture marine, mais l'enveloppe financière disponible pour les investissements productifs des six prochaines années s'élève à un montant dérisoire de 1,2 million d'euros.

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