Permettez-moi tout d’abord, monsieur le sénateur, d’excuser Éric Woerth, retenu ce matin à l'Assemblée nationale pour l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Le Gouvernement a en effet décidé de réformer – enfin ! – le dispositif des logements de fonction.
Ainsi que vous l’avez fort justement rappelé, monsieur le sénateur, l’État attribue 95 000 logements gratuitement par « nécessité absolue de service », et 7 000 logements par « utilité de service », en contrepartie d’une redevance obsolète et très inégale.
Je ne reviendrai pas sur la première catégorie, que nous souhaitons préserver, à condition bien sûr que l’exercice des missions du fonctionnaire nécessite réellement que celui-ci soit logé.
En revanche, lorsqu’il ne s’agit pas d’assurer la permanence du service des agents de l’État, les concessions de logements ont effectivement vocation à disparaître. C’est le cas des logements attribués par utilité de service, que vous évoquiez à l’instant.
Les logements concernés feront ensuite l’objet de ventes, s’il s’agit de logements domaniaux, ou de résiliations de bail, s’il s’agit de logements loués. Si les logements ne peuvent être vendus, leurs occupants pourront, s’ils le souhaitent, y rester, moyennant un loyer de marché réduit de 15 % pour tenir compte de la précarité de l’occupation.
Ces principes ont été présentés par Éric Woerth aux organisations syndicales de la fonction publique. Leur mise en œuvre fera l’objet d’une nouvelle information lorsque le travail interministériel aura permis d’établir clairement la liste des fonctions ouvrant droit à un logement.
Cette disparition de la concession s’appliquera lors du prochain changement de titulaire du poste. Ainsi, pour répondre très précisément à votre question, monsieur le sénateur, aucun fonctionnaire ne sera affecté financièrement dans le cadre de ses fonctions actuelles. Quant aux nouveaux titulaires, ils pourront accepter les responsabilités liées à leur nouveau poste en toute connaissance de cause.
Enfin, je précise que cette réforme ne porte que sur les logements mis à disposition de fonctionnaires par l’État. Elle ne concerne donc ni les logements mis à disposition par des collectivités locales, notamment au profit des enseignants, ni les logements sociaux dont bénéficient les fonctionnaires auprès de bailleurs sociaux, ni les logements attribués statutairement tout au long de leur carrière à certaines catégories de fonctionnaires comme les gendarmes.
Un logement de fonction doit rester un instrument de travail, pas un avantage en nature. Tel est le principe qui a guidé cette réforme.